Le blogueur le plus connu des camps de Tindouf vit, ces derniers temps, des moments de terreur avec une armée dénommée «armée des casse-croûte». Il s’agit d’un groupe utilisé par les milices du Polisario pour terroriser les contestataires et les opposants. Les éléments de ce «commando» utilisent les réseaux sociaux et les appels téléphoniques pour semer la peur en menaçant de mort tous ceux qui sont ciblés par les campagnes de répression du Polisario dans les camps de la honte. Des dizaines de communications et de SMS, tous émaillés de menaces, ont transformé la vie du blogueur Moulay Abou Zaid en enfer. D’autant que les réseaux sociaux ont été inondés par des rumeurs relatant des informations le concernant et évoquant son arrestation et son kidnapping. Face à cette situation infernale, il a décidé de déposer une plainte auprès du Haut commissariat aux réfugiés de Rabbouni, à laquelle il demande protection et suivi de son cas. D’autant que des enfants soldats de ladite «armée des casse-croûte» l’ont contacté et menacé de mort. Le blogueur affirme, dans un message posté sur les réseaux sociaux, qu’il possède des enregistrements téléphoniques avec les numéros et les noms de leurs abonnés.
Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du vendredi 3 mai, que le calvaire du blogueur dure depuis qu’il a commencé à critiquer les restrictions des libertés de circulation et la propagation de la corruption dans les camps. Des restrictions que le Polisario avait imposées depuis le déclenchement d’un vaste mouvement de protestation des habitants des camps de Tindouf. C’est le style humoristique employé par Moulay Abou Zaid pour décrire l’intervention des milices du Polisario avec des chars et des armes lourdes qui lui a valu cet acharnement. Les photos de cette armada militaire ont fait le tour de la Toile pour mettre à nu le côté tyrannique du Polisario qui s’ingénie à défendre les droits de l’Homme… ailleurs. Les Polisariens, qui s’apprêtaient à juger 16 personnes accusées de trouble à l’ordre public, ont été surpris par l’élan de solidarité envers le blogueur et surtout par la plainte qu’il a déposée auprès du HCR. Une plainte dans laquelle il a relaté la répression sanglante du hirak pacifiste par le Polisario. Ce faisant, il a demandé à ce que les habitants des camps puissent bénéficier des libertés individuelles et en premier lieu des libertés de circulation, d’expression et de protestation.
Le Polisario est confronté à un mouvement de désobéissance des détenus, notamment à celui mené par Moulay Ali Ould Lahcen, qui observe une grève de la faim. Ce dernier est le leader des protestations contre les décisions du Polisario de restreindre le mouvement des habitants des camps, en parallèle avec le hirak populaire que connaît l’Algérie. Les contestataires dénoncent la manière brutale avec laquelle les milices du Polisario ont arrêté ceux qui dénonçaient cette répression. Ils l’ont comparée à «la façon dont on conduit les moutons, les gens interpellés ayant eu la tête enfoncée dans des filets quadrillés attachés dans les voitures dites de police ou de gendarmerie ». Les interrogatoires des détenus ont été essentiellement focalisées sur les parties qui seraient derrière ce mouvement de protestation.