Intervenant lors de la réunion d’urgence des ministres arabes des Affaires étrangères, tenue samedi soir au Caire, le ministre marocain des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Nasser Bourita a appelé "à entreprendre des actions fortes et pragmatiques pour faire face à la décision américaine au sujet d’Al Qods et à recourir à tous les moyens diplomatiques et juridiques dont nous disposons pour défendre nos droits", ajoutant que la campagne rejetant cette décision doit constituer un référentiel pour renforcer la solidarité et le soutien des droits légitimes du peuple palestinien.
"Nos décisions doivent être à la hauteur du moment et du niveau de colère et de frustration de la Oumma arabe et islamique", a-t-il relevé, avant d'ajouter: "nous devons réagir avec responsabilité et ne pas prendre des décisions que nous ne pourrons pas appliquer afin de préserver notre crédibilité".
Partant de cette logique, le roi Mohammed VI, président du comité Al Qods, a adressé un message au président américain Donald Trump dans lequel le souverain a exprimé sa préoccupation personnelle ainsi que la grande inquiétude ressentie par les États et les peuples arabes et musulmans suite à cette démarche, a rappelé Nasser Bourita, ajoutant que le roi a adressé un deuxième message sur le même sujet au secrétaire général de l’ONU.
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Et d’ajouter que le roi a également eu un entretien téléphonique avec le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, notant qu’à cette occasion, le souverain a réitéré la solidarité forte et constante du royaume avec le peuple palestinien frère et exprimé sa réprobation vigoureuse de toute action de nature à compromettre le caractère multiconfessionnel de la ville sainte, ou altérer son statut juridique et politique.
Le ministre a indiqué aussi que sur hautes instructions du roi, il a convoqué la chargée d’affaires de l’ambassade des États-Unis à Rabat et les ambassadeurs de Russie, de Chine, de France et du Royaume-Uni accrédités à Rabat, en tant que pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU, en présence de l’ambassadeur de l’État de Palestine à Rabat, expliquant qu’au cours de cette réunion, il a appelé ces pays à assumer pleinement leur responsabilité pour préserver le statut juridique et politique d’Al Qods et éviter tout ce qui est de nature à attiser les conflits et à porter atteinte à la stabilité dans la région.
"La situation est difficile et il est de notre devoir d’éviter les surenchères dans les déclarations ou de réagir avec démagogie", a-t-il insisté, relevant que la circonstance requiert de bien fixer les objectifs et de maîtriser les moyens politiques et juridiques à adopter.
"Face à ces développements négatifs, exceptionnels et dangereux, nous sommes tenus aujourd’hui plus que jamais d'assumer avec fermeté nos responsabilités et de mobiliser nos capacités de manière efficiente et pragmatique pour faire face à ce défi avec tous les moyens juridiques et diplomatiques possibles, défendre la ville sainte d’Al Qods, et préserver son statut juridique et politique en tant que ville de paix ouverte aux fidèles des trois religions monothéistes", a dit M. Bourita.
La Oumma arabe et islamique a su se mobiliser chaque fois que la mosquée Al Aqsa ou la ville d'Al-Qods étaient menacées ou que leur statut juridique fixé par les résolutions des Nations unies était modifié, a tenu à préciser le ministre.
Dans ce sens, il a rappelé la circonstance douloureuse ayant conduit à la création de l’organisation de la conférence islamique à Rabat le 25 septembre 1969, les sommets arabes et d’autres congrès au cours desquels tout le monde s’est mobilisé pour le triomphe de la cause palestinienne juste et la protection de la ville sainte d’Al Qods.
La réunion d’aujourd’hui se tient dans des circonstances dangereuses similaires, ce qui nécessite de poursuivre cette noble démarche afin que la ville d’Al Qods demeure le berceau des religions célestes et le symbole de coexistence entre les cultures, a fait remarquer Nasser Bourita.
La décision américaine est un tournant dangereux pour le statut politique et juridique de cette ville sainte et une transgression des résultats des négociations de paix qui placent Al Qods au cœur des questions du statut définitif dans le cadre d’une solution à deux États, a-t-il signalé.
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Cette décision va à l’encontre des politiques des précédentes administrations américaines qui prenaient en compte la spécificité de la ville d’Al Qods, a-t-il rappelé, faisant savoir que cette décision donnera un autre prétexte aux autorités israéliennes pour aller de l’avant dans leur politique systématique de judaïsation de la ville sainte et d’oblitération de son cachet religieux et spirituel, ce qui sapera ce qui reste d’opportunité de paix et conduira la région tout entière vers davantage de tension, de violence et d’extrémisme.
"Si la communauté internationale est entièrement mobilisée pour éradiquer le terrorisme et reconnaît que le retard dans la résolution de la cause palestinienne reste une des principales causes de tension dans la région arabe, comment peut-on altérer le statut juridique d’Al Qods, sachant que toute atteinte portée à cette ville donnera un prétexte aux forces d’extrémisme et de terrorisme pour justifier leurs actes criminels", s'est-il interrogé.
La réunion d'urgence des ministres arabes des Affaires étrangères a examiné au siège du secrétariat général de la Ligue des États arabes au Caire la décision américaine au sujet d'Al Qods.