Le dessalement d’eau de mer est-il la solution la plus pertinente, pour faire face à la sécheresse que traverse le Maroc ces dernières années? C’est le pari actuellement pris, afin d’affronter la chute drastique des quantités d’eau disponibles par habitant.
Selon Al Akhbar de ce lundi 22 janvier 2024, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) avait publié un rapport à ce propos, qui mentionne le fait que la quantité d’eau par habitant est passée, avant cet épisode de sécheresse de longue durée, de 2500 mètres cubes annuellement, à un total actuel de 650 mètres cubes.
Pire encore, cette estimation, si aucune mesure n’est mise en œuvre, devrait se limiter à 500 mètres cubes d’ici 2030.
Les auteurs de ce rapport précisent que ce recul a eu d’importants impacts économiques, environnementaux, alimentaires et sanitaires. La gestion de cette problématique impose donc d’instaurer des mesures à portée stratégique, impliquant une gestion rationnelle des sources d’eau, parallèlement à des réformes dans certains secteurs, comme l’agriculture.
Al Akhbar précise que le CESE estime que le dessalement d’eau de mer est une alternative pertinente pour produire de l’eau non conventionnelle, qui permettrait d’assurer la sécurité hydrique et alimentaire de notre pays.
Le rapport recommande donc de faire du dessalement la pierre angulaire d’une vision nationale et participative de la stratégie hydrique du Royaume
Selon Al Akhbar, le CESE considère que le dessalement d’eau de mer contribuerait à une «mixité» des sources d’eau au Maroc, et permettrait au pays de faire face aux changements climatiques et de disposer de ressources hydriques conventionnelles et non conventionnelles durables.
L’objectif de cette stratégie sera d’assurer la disponibilité en eau potable pour les consommateurs particuliers, mais aussi de répondre aux besoins du secteur agricole.
Le ministre de l’Agriculture a d’ailleurs récemment déclaré à ce propos, explique Al Akhbar, que le dessalement d’eau de mer est un moyen d’assurer durablement les disponibilités hydriques nécessaires pour l’irrigation.
Interrogé au Parlement, Mohamed Sadiki, le ministre de l’Agriculture, a expliqué que parmi les mesures prises, figure l’aménagement d’une station de dessalement d’eau de mer sur un terrain de 15.000 hectares, dans la région du Souss.
Ayant nécessité un investissement de 4,4 milliards de dirhams, cette station permettra aussi de fournir de l’eau potable aux habitants d’Agadir.
Le ministre a aussi, dans sa réponse aux députés, cité le projet de construction d’une station de dessalement d’eau de mer, alimentée par de l’énergie éolienne, et située près de Dakhla. D’un coût total de 2,5 milliards de dirhams, cette station devrait être opérationnelle en juin 2025.
Parallèlement à ces projets, le ministère de l’Agriculture a également lancé une étude afin d’identifier les opportunités qui permettraient d’introduire l’eau produite par dessalement comme ressource pour l’irrigation des terres agricoles dans d’autres régions du pays.
Selon Al Akhbar, les questions liées à l’eau sont tout particulièrement suivies par le souverain, comme en témoigne la dernière réunion qu’il a présidée à ce propos, il y a quelques jours.
Dans un communiqué, le cabinet royal a indiqué que cette réunion a eu lieu «dans le cadre de l’intérêt et de la Haute Sollicitude qu’accorde Sa Majesté le Roi, que Dieu L’assiste, à la question stratégique de l’eau, qui a été notamment l’objet d’importantes Orientations Royales contenues dans le Discours d’ouverture du Parlement, en octobre dernier, et de trois séances de travail présidées par le Souverain», tout particulièrement dans le contexte actuel, marqué par un déficit notable en termes de précipitations, et une très forte pression sur les ressources hydriques dans l’ensemble des régions du Royaume.
Au cours de cette réunion, Nizar Baraka, ministre de l’Équipement et de l’Eau, a exposé la situation hydrique qui prévaut actuellement dans le pays: pour la période de septembre à mi-janvier 2024, un déficit pluviométrique de 70% a été enregistré par rapport à la moyenne, et le taux de remplissage des barrages se porte actuellement à 23,2%, contre 31,5% au cours de la même période, l’an dernier.
Le ministre a également listé les mesures prises pour gérer cette situation, comme une mobilisation optimale des ressources au niveau des barrages, des forages et des stations de dessalement existantes, la réalisation d’équipements urgents d’adduction et d’approvisionnement de l’eau, et là où la situation l’exige, des mesures éventuelles de restriction de l’eau d’irrigation ou des débits de distribution.
Al Akhbar relaie par ailleurs le fait que de plus en plus d’experts appellent à l’introduction et à la priorisation de nouvelles cultures moins consommatrices d’eau, particulièrement dans les régions les plus affectées par les effets de la sécheresse.
Cette économie des ressources hydriques serait d’autant plus nécessaire que la crise climatique semble s’inscrire dans une tendance d’aggravation, et que les prochaines années risquent d’être tout aussi difficiles que les précédentes.