Nos confrères algériens ne trouvent plus rien à se mettre sous la plume. Ni l’état vacillant du président Bouteflika «embarqué» à bord d’un avion médicalisé hier dimanche à destination de la Suisse, ni l’absence d’un seul hôpital digne de ce nom pour soigner le chef d’Etat, ni la faillite des finances de l’Etat due au plongeon des cours de pétrole et, surtout, à la corruption institutionnalisée, ni la montée galopante du taux de chômage (12%), ni la colère assourdissante du peuple kabyle … Rien de tout cela ne semble préoccuper nos valeureux confrères algériens, qui viennent de se rappeler à notre triste souvenir à travers une «initiative» digne d’être nominée au Prix Pulitzer !
En effet, ces témoins de leur époque viennent d’adresser un message au Conseil de sécurité pour «exiger» des sanctions contre le Maroc pour «non respect de ses engagements envers le peuple du Sahara occidental».
D'ailleurs, il ne se passe pas un seul jour sans qu’ils ne noircissent de la copie au sujet du Sahara, et sans que leur phraséologie ne s'envole dans des élans lyriques pour les principes d'autodermination du peuple sahraoui, alors que ce principe gagnerait à être apppliqué d'abord pour les peuples qui composent l'Algérie. Galvanisés par leur dévouement à la seule cause juste, nos confrères algériens ne connaissent plus les frontières, n'ont plus peur des distances. Ils inventent des journalistes d'un genre nouveau: des escadrons qui, non seulement augmentent les rangs des fonctionnaires des autorités algériennes, mais assistent la diplomatie de leur pays en s'adressant au Conseil de sécurité pour réclamer des sanctions contre le Maroc !
On croit rêver ! Nos confrères, à moins que cette «fatwa» lumineuse ne leur ait été dictée par leur ancien collègue Hamid Grine (actuel ministre algérien de la Communication), ou par les services du général Tartag (dit le Bombardier), se trompent sûrement d’adresse. Leur démarche promet de créer, à coup sûr, un cas de jurisprudence, inédit dans les annales du journalisme. Saisir le Conseil de sécurité… pour «exiger»! Franchement, on a du mal à imaginer. A plus forte raison de comprendre!
Ils font pitié, ces confrères algériens, à les voir continuer de tenir le crachoir à un régime qui a fait de l’Algérie une risée internationale. Le peuple algérien frère ne mérite pas une telle offense de la part de ce régime prédateur. Pas plus que de ses journalistes qui sacrifient leur devoir de vérité sur l’autel des prébendes d’un Etat prêt à tout acheter. Y compris, et surtout, les consciences!
Aux dernières nouvelles, on apprend que les syndicats algériens, avec à leur tête l'UGTA, se préparent à dédier le 1er mai au "peuple sahraoui". La solidarité avec ce "peuple sahraoui" vaudrait donc mieux que la solidarité avec le pauvre travailleur algérien ! Tout est donc si bien dans le meilleur des pays possibles pour qu'on vole au travailleur algérien même la seule journée où il peut faire part de ses revendications légitimes.
Dur, dur, d'être Algérien!