Sahara: revanchard, Ban Ki-moon pond le pire rapport d’un SG de l’ONU contre le Maroc

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Le draft du rapport de Ban Ki-moon sur le Sahara est résolument hostile au Maroc. Partial, déséquilibré et manipulateur, ce rapport montre un SG de l’ONU qui fait du conflit du Sahara une affaire personnelle où il oublie les règles élémentaires de la neutralité. Voici ce qu’il faut retenir.

Le 19/04/2016 à 22h25

- Le ton est donné dès le deuxième paragraphe. Dès le paragraphe 2, M. Ban reproche au Maroc de n’avoir pas respecté les canaux diplomatiques en publiant des communiqués de presse et en organisant une manifestation de masse à Rabat et à Laayoune. Mais qui n’a pas respecté l’ABC de la conduite d’un diplomate, en utilisant un terme banni du Conseil de sécurité, en brandissant un V de la victoire à l’adresse des séparatiste et en s’inclinant devant le fanion d’une entité qui n’est même pas membre des Nations Unies ? Qui a manqué à ses responsabilités et à sa mission en devenant une partie du problème au lieu d’aider à le résoudre ?

- Dans le paragraphe 5, Ban Ki-Moon se réclame de la position du chef du Polisario qui appelle au maintien de la mission de la Minurso. Et ce n’est pas tout, M. Ban cite un extrait d’une lettre de Mohamed Abdelaziz pour exhorter le Conseil de sécurité à «assumer ses responsabilités». Le modèle est donc le chef du Polisario avec qui le patron de l’ONU a une parfaite communauté de vues et d’idées. Au fil des paragraphes, cette communauté de vues entre les deux hommes va se transformer en bloc. Un bloc contre le Maroc.

- Paragraphe 6 : Ban Ki-Moon rend responsable le Maroc d’incidents liés au viol du cessez le feu. Il cite particulièrement le tir des FAR en direction d’un troupeau de dromadaires, au milieu desquels se trouvait un homme. L’homme et les dromadaires s’étaient rapprochés dangereusement des soldats qui gardent les frontières du pays. 

- Paragraphe 9 : «j’ai exprimé mes regrets que les négociations ne se déroulent pas sans conditions préalables de façon à atteindre un statut définitif, une solution politique, mutuellement acceptable, de nature à conduire à l’autodétermination du peuple du Sahara». C’est en ces termes que s’exprime M. Ban. En clair, pas d’autonomie sur la table. Le plan d’autonomie n’est même pas une option discutable pour Ban Ki-moon. Autre indice de la communion entre M. Ban et Abdelaziz : «Hilale (ambassadeur permanent du Maroc à l’ONU) m’appelle pour s’étonner de la nouveauté de l’utilisation de l’expression «statut définitif» alors que Mohamed Abdelaziz m’a félicité».

- Tout un passage réservé au paragraphe 13 au 13ème au congrès du Polisario. Sans doute pour impressionner les membres du Conseil de sécurité, Ban Ki-moon y dénombre même 2472 congressistes comme s’il était présent pour les compter. Il cite même le communiqué final du congrès qui accuse le Maroc et salue la visite de M. Ban au Sahara. Ban Ki-Moon doit être profondément meurtri pour citer un communiqué du Polisario qui applaudit sa dernière visite dans la région. Cela aurait pu paraître comique n’était le danger que constitue pour le monde un homme qui peut tout pour une affaire d’ego.

- Dans le paragraphe 15, M. Ban oppose aux douze lettres des autorités marocaines, qui affirment leur respect des droits de l’homme et plaident pour le plan d’autonomie, les dix lettres que lui a adressées Mohamed Abdelaziz qui déplore les violations des droits de l’homme et le pillage des ressources du Sahara. En argumentation, la technique est apprise dès le collège: on place une thèse et on la balaie d’un revers de main par une antithèse. De façon à laisser à ses interlocuteurs l’impression finale, la plus percutante : celle de la position du Polisario à laquelle M. Ban adhère sans l’ombre d’une réserve.

- Dans le paragraphe numéro 52, Ban Ki-Moon expose l’impossibilité pour la Minurso de continuer sa mission sans la composante civile, menaçant même que cela va provoquer l’arrêt soudain de la mission des militaires. Raison : il n’y a pas le personnel pour s’occuper de l’entretien des équipements et des pièces de rechange des véhicules. On l’aura compris, M. Ban fait pression par tous les moyens sur le CS pour le conduire à prendre position pour le maintien de la Minurso avec sa composante civile. Le SG veut humilier le Maroc en le portant à accueillir de nouveau les civils qu’il s’est engagé à ne plus accepter sur son territoire.

- Alors qu’il pointe plusieurs manquements aux droits de l’Homme dans les provinces du sud, le SG explique dans les paragraphes 81-82 que le Polisario coopère avec les structures de l’ONU. Il précise que le Polisario insiste pour que le mandat de la Minurso soit élargi aux droits de l’Homme. Le SG affirme qu’il a parlé du cas de trois femmes retenues contre leur gré par leurs familles dans les camps de Tindouf. 

«M. Abdelaziz a promis de porter un intérêt attentif au cas de ces trois séquestrées en vue de le solutionner, me rappelant que le processus de résolution de leur problème a été préalablement initié». On a presque envie de pleurer, tellement les diplômes de bonne conduite de M. Ban au patron du Polisario sont émouvants.

D’ailleurs, le nom de Mohamed Abdelaziz est l’un des plus cités dans le rapport. Dans sa rancune, M. Ban ne voit même pas qu’il s’isole davantage en citant comme seul soutien le patron du Polisario.

C’est de cette littérature partiale, vindicative, revancharde et résolument personnelle que participe le draft du rapport du SG de l’ONU sur le Sahara. Il s’agit certes d’un draft (version provisoire susceptible d’être amendée), mais les mots utilisés sont empreints d’un parti pris criant, sont trop partiaux pour que la version finale puisse être équilibrée. C’est une refonte générale de ce rapport qu’il faut, sinon il est impossible qu’il soit accepté par le Maroc.

Par Aziz Bada
Le 19/04/2016 à 22h25