Sahara: Donald Trump recadre sévèrement le «stupide» John Bolton

John Bolton, ancien Conseiller de Donald Trump à la sécurité nationale.

John Bolton, ancien Conseiller de Donald Trump à la sécurité nationale. . DR

Suite à ses déclarations concernant la reconnaissance de la marocanité du Sahara, le président américain a sèchement remis à sa place John Bolton, qui fut pourtant son ex-conseiller à la sécurité nationale.

Le 21/12/2020 à 11h27

Vif échange sur Twitter, hier, dimanche 20 décembre, entre Donald Trump, le président américain, et son ex-conseiller à la sécurité nationale, John Bolton.

John Boltonn'a en effet pas hésité à qualifier la reconnaissance de la marocanité du Sahara de «grave erreur».

Comme à son habitude, Donald Trump n’a pas pris de gants et lui a vertement répondu.

"Que pourrait savoir Bolton, l'une des personnes les plus stupides de Washington? N'est-ce pas lui qui a si bêtement dit, à la télévision, «solution libyenne», en décrivant ce que les Etats-Unis allaient faire pour la Corée du Nord? J'ai pleines d'autres «histoires stupides» de Bolton", a twitté le président américain, en une courte et sèche réponse à son ex-collaborateur à la Maison Blanche. 

Il faut rappeler que Donald Trump n’avait pas déjà trop de sympathie pour John Bolton, un va-t-en-guerre pur et dur.

Le 10 septembre 2020, il avait été tout simplement débarqué de son poste, suite à plusieurs séries de désaccords avec l'occupant du Bureau ovale, à propos de la Corée du Nord.

John Bolton avait préconisé l'application du "modèle libyen", qui aurait enjoint à la Corée du Nord de renoncer à son programme d'armement nucléaire, pour recevoir, en retour, des concessions de la part de Washington. 

"Il a commis de très grosses erreurs. Lorsqu'il a parlé du modèle libyen pour Kim Jong-Un, ce n'était pas une bonne déclaration à faire", avait affirmé à l’époque Donald Trump, en conférence de presse à la Maison Blanche, ajoutant que "ce n'était pas une bonne déclaration à faire, et cela nous a fait reculer".

John Bolton, pour ceux qui ne le connaissent pas, est un néoconservateur. Il représente "le pire de l'aventurisme américain en politique étrangère", selon les dires du think tank américain Diplomacy Works, qui rappelle de quelle manière il avait été, en 2003, l'un des artisans de l'invasion de l'Irak, sous le premier mandat de George W. Bush. 

John Bolton adopte des thèses ouvertement proches de celles des séparatistes du Polisario et d’Alger. "Le président américain Trump nomme John Bolton, ami du peuple sahraoui, conseiller à la sécurité nationale", avait ainsi titré le site séparatiste futurosahara juste après sa nomination, en mars 2018.

John Bolton, il faut aussi le souligner, n’est autre que l’architecte du tristement célèbre plan Baker II, du nom de James Baker, secrétaire d'Etat de George W. Bush. 

Ce plan défendait en 2002, entre autres, la thèse de l’impraticable référendum d’autodétermination et l’élargissement des attributions de la Minurso aux questions des droits de l’Homme. 

Deux options qui avaient été intégralement rejetées par le Maroc. En 2003, John Bolton était alors une grande figure de la diplomatie américaine. Le plan Baker II, concocté par Bolton, avait failli être imposé par le Conseil de sécurité mais avait été définitivement abandonné trois années plus tard, en 2005. 

John Bolton est aussi connu pour sa proximité avec le lobbyiste le plus actif d’Alger à Washington, David Keene, qui ne sait d'ailleurs plus où donner de la tête depuis que Donald Trump a proclamé la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara atlantique.

David Keene est, par ailleurs, un ancien président de la très puissante National Rifle Association (NRA), le lobby des armes à feu, où John Bolton avait lui aussi été recruté, en tant que chargé des Affaires internationales.

Aigri et revanchard, depuis qu’il a été viré sans ménagements par Donald Trump, John Bolton ne s’est pas fait trop prier par son ami David Keene pour dénoncer la décision historique du président américain sur la marocanité du Sahara. Ses cris d’orfraie sur Twitter n’ont toutefois été relayés, comme l'on pourrait s'y attendre, que par les médias algériens.

Par Mohammed Boudarham
Le 21/12/2020 à 11h27