L’affaire des photos sans voile de la parlementaire Amina Maelainine continue de diviser les dirigeants du parti qui dirige le gouvernement.
Abdelilah Benkirane a d’abord surpris tout le monde en prenant fait et cause pour la députée qui a levé le voile, à Paris, sur le foulard islamique. L’ex-patron du PJD a déclaré que le hijab n’est pas une condition pour adhérer au parti en précisant qu’il demeure un choix personnel pour les militantes.
Le secrétaire général du PJD et chef du gouvernement, Saad-Eddine El Othmani, qui est resté très discret sur ce sujet, a fini par réagir en contredisant les propos de Benkirane. Et il n’y est pas allé avec le dos de la cuillère: «Personne n’est au-dessus de la loi et personne n’est au-dessus des organes du PJD ». Pour lui, la discipline du groupe prime sur tout autre comportement individuel: «Les membres du PJD ne sont pas des anges et le parti ne s’immisce pas dans leur vie privée. Mais il y a des règles à ne pas transgresser, sur lesquelles nous ne transigeons pas, notamment en matière d’intégrité». El Othmani semble pencher pour la prise d’une décision ferme contre Maelainine, y compris celle de son exclusion du parti.
Lors de son intervention samedi dernier devant les militants de Souss Massa, El Othmani a martelé que son parti reste très attaché à ses valeurs: «Nos principes ne changent pas. Notre parti est fondé sur des références islamiques et travaille dans le cadre du respect des constances nationales. On ne va tout de même pas les renier pour faire plaisir à certaines personnes quel que soit leur statut».
Le quotidien Al Akhbar rapporte, dans son édition du lundi 28 janvier, qu’El Othmani a appelé à «respecter les décisions des organes du parti même si elles vont à l’encontre de nos visions et de nos désirs». Le chef du PJD a adressé un message, à peine voilé, à son prédécesseur en affirmant que «beaucoup de personnes sont imbues d’elles-mêmes. Un narcissisme qui nous a posé d’énormes problèmes quand certains ont essayé d’imposer leurs opinions et leurs intérêts aux dépens des décisions des organes du parti. Ils veulent inverser cette équation pour s’emparer des commandes du parti mais, rassurez-vous, nous les combattons fermement».
Des problèmes du parti à celui du gouvernement, il n’y avait qu’un pas à franchir pour le patron du PJD. Et il n’a pas fait dans la dentelle en affirmant que «les politiques ne sont pas des hommes d’honneur et ne respectent pas l’intégrité et la transparence exigées». Le chef du gouvernement commence d’abord par l’opposition: «Elle ne peut renier les réalisations du gouvernement car les chiffres positifs parlent d’eux-mêmes. Elle doit ouvrir grand les yeux car il existe des responsables d’autres pays qui considèrent le Maroc comme faisant partie de l’Europe».
El Othmani s’en prend également à l’une des composantes du gouvernement: «Il y a un parti au sein du gouvernement qui accapare ce qui est positif et qui rejette sur les autres la responsabilité des échecs même si ce sont ses membres qui en sont les acteurs.» Il parle bel et bien du RNI, son frère ennemi dans la majorité, évoquant la crise des petits commerçants: «Il y a un parti qui a pris la décision, mais quand la crise est survenue, il a commencé à attaquer et à critiquer le gouvernement alors que ce sont ses ministres qui sont responsables de ce secteur». El Othmani a, par ailleurs, promis de restituer les 40 milliards de dirhams d’arriérés de TVA dus par l’Etat aux établissements publics et aux sociétés privées.
Par la suite, Saad-Eddine El Othmani a abordé le sujet de ses biens immobiliers: «Ceux qui ont affirmé que je possède trois villas ont été mal informés. La villa qui se trouve à Inzegane appartient à ma mère et je n’ai donc qu’une seule villa à Rabat au lieu de trois comme annoncé par ces gens».