La majorité est dans l’impasse. En effet, le débat sur la proposition de loi portant réforme du régime de retraite des parlementaires, qu’elle tente de faire adopter, pourrait être repoussé jusqu’à l’après-adoption du projet de loi de finances 2019, rapporte le quotidien Assabah dans sa livraison du lundi 23 juillet. L’opposition, explique le journal, a refusé de céder et est restée accrochée à son rejet du projet de sauvetage de ce régime, selon le scénario prévu par les partis de la coalition gouvernementale.
L’opposition, principalement le PAM, surfe sur la préservation des deniers publics pour faire blocage à la proposition de réforme. Les députés de ce parti refusent de cautionner une réforme à laquelle l’Etat sera appelé à contribuer. Or, l’Etat continue justement à cotiser, au même niveau que les parlementaires, dans le projet de réforme soutenu par la majorité. Cela dit, cette dernière compte toujours sur un éventuel infléchissement de la position du PAM, seul capable, avec ses 102 députés, d'intenter un recours près la Cour constitutionnelle pour annuler ce texte au cas où la majorité parvenait à le faire voter.
C’est ainsi, souligne Assabah, que le chef du groupe parlementaire de l’USFP a appelé à la tenue d’une session extraordinaire consacrée entièrement à l’examen et l’adoption de la proposition de loi de la majorité. Ce faisant, l’USFP, qui préside la première Chambre, espère donner un peu plus de temps aux députés pour éventuellement revoir leurs positions, afin d’arriver à un consensus. Mais, pour les deux députés de la FGD, c’est peine perdue. Selon Omar Balafrej, l’un des deux élus de la FGD, le mandat du parlementaire n’est pas un métier ou une profession donnant lieu à un salaire et donc une retraite. Un point c’est tout. Cela dit, note le quotidien, les débats de la proposition de réforme, au sein de la Commission des finances, ont fait tomber des masques, notamment ceux des députés du PJD, mais aussi de l’Istiqlal et de l’USFP. Les élus du parti islamiste ont, en effet, tenu un double discours, se montrant soucieux de la préservation des fonds publics quand ils sont devant leurs électeurs et avides de privilèges et autres formes de rente politique quand ils sont entre eux. De même, et pour inciter les députés à voter cette proposition, le chef du groupe du PJD a notamment évoqué une liste d’anciens parlementaires aujourd’hui dans le besoin après la cessation du versement de leur retraite. Des déclarations qu’il s’est empressé de réfuter une fois rendues publiques.
Pendant ce temps, les parlementaires sont sujets à la risée populaire sur les réseaux sociaux. Certaines déclarations faites lors des débats de ce texte à la Commission des finances et selon lesquelles certains anciens députés se trouveraient dans une situation sociale difficile alors que d’autres auraient été contraints de retirer leurs enfants de l’école privé pour les inscrire dans les établissements publics, ont soulevé une vague de moqueries. Des citoyens ont ainsi publié des posts sur Facebook, appelant notamment à une collecte de fonds pour «venir en aide aux députés les plus nécessiteux».