Rencontre Zuma-Ghali: quand le pays de Mandela accueille un criminel de guerre

Le président sud-africain Jacob Zuma a reçu le chef du Polisario, Brahim Ghali.dans son palais à Pretoria.

Le président sud-africain Jacob Zuma a reçu le chef du Polisario, Brahim Ghali.dans son palais à Pretoria. . dr

Le président sud-africain, Jacob Zuma, a reçu le chef du Polisario, Brahim Ghali, ce vendredi 6 janvier au siège du palais présidentiel à Pretoria. Décryptage.

Le 06/01/2017 à 16h29

Le président sud-africain, Jacob Zuma, a reçu vendredi 6 janvier à Pretoria le chef du Polisario, Brahim Ghali. Selon un communiqué de la présidence sud-africaine, relayé jeudi par le360, la visite de trois jours entamée aujourd'hui à Pretoria par le chef du front séparatiste sera dédiée à "l'approfondissement des relations bilatérales déjà consolidées par les liens historiques" qui uniraient les deux parties. Rien que cela?

L'invitation adressée par le président sud-africain, sur instigation d'Alger, à son "homologue" de la "RASD" va au-delà des supposées "relations bilatérales". Elle dégage l'odeur nauséabonde d'une provocation inqualifiable à l'encontre du Maroc, et de son intégrité territoriale plus précisément. Et ce n'est surtout pas ce timing fixé à cette visite-provocation, qui nous contredira.

Il faut noter que cette visite intervient trois semaines avant le 28e Sommet des Chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine, prévu pour fin janvier à Addis Abeba, en Ethiopie. A la différence des 27 sommets précédents, marqués par l'absence du Maroc qui, faut-il le rappeler encore une fois, avait quitté cette structure en 1984 pour protester contre l'admission de l'entité nommée "RASD", ce sommet aura pour point nodal la validation de la demande du royaume de réintégrer l'organisation panafricaine.

Le retour des Marocains au sein de l'UA, faut-il le préciser une fois encore, passe mal auprès des officiels algériens et sud-africains, qui ont remué ciel et terre pour tenter de le contrecarrer. Peine perdue! La décision est scellée, dès lors que 38 pays membres de l'UA ont dit "oui" au retour du Maroc au sein de cette structure panafricaine.

Mais ce n'est qu'une bataille de gagnée, sachant que la cause du retrait du Maroc de l'OUA (ancêtre de l'UA) n'est pas encore annihilée. L'éjection de la "RASD" reste, du coup, la mère des batailles à mener par le Maroc, dès son retour à l'UA. Une éventualité que l'axe Alger-Pretoria, résolument hostile à l'unité territoriale du royaume, envisage avec panique, voire désarroi. D'où cet effet d'annonce escompté à propos de l'invitation faite par le président Zuma au chef du Polisario, Brahim Ghali.

Selon les dernières indiscrétions provenant de Pretoria, Brahim Ghali prendra part, au terme de sa visite de trois jours, à la commémoration du 104e anniversaire de la création du Congrès national africain (ANC), prévu ce weekend dans la capitale admistrative d'Afrique du Sud. Une participation d'autant moins fondée que "l'illustre hôte" de Jacob Zuma, en l'occurence, est recherché par la justice espagnole pour répondre d'accusations de "génocide", d'"assassinats" et "d'enlèvements", perpétrés du temps où il officiait comme "ministre sahraoui de la défense" (1976-1991)!

Et ce n'est pas tout! Brahim Ghali fait aussi l'objet d'une plainte pour viol déposée auprès de la justice espagnole par l'une de ses victimes, en l'occurence Khadijatou Mahmoud Mohamed Zoubeir. Un crime inqualifiable perpétré en 2010 par l'ancien "ambassadeur de la RASD à Alger", quand la victime, alors mineure, s'était présentée à son bureau pour demander un visa pour l'Espagne. Elle ne savait pas qu'elle tomberait entre de "mauvaises mains", celles d'un monstre qui s'est forgé cette abominable réputation de serial-violeur.

Que le pays du regretté Mandela, symbole de la lutte anti-apartheid, invite un criminel de guere, qui plus est serial-violeur, cela ne servira nullement l'image de l'ANC. Mais depuis quand les Zuma, Jacob et son ex Dlamini, se soucient-ils de l'image de l'ANC, ou de l'héritage du défunt Nelson Mandela? Jacob Zuma lui-même, compromis jusqu'au cou dans des scandales de corruption et des procès à n'en pas finir, est appelé à quitter le pouvoir et l'ANC. Mais il ne veut pas le faire sans imposer aux Sud-Africains un autre coût: celui d'être remplacé par son ex, Dlamini-Zuma, présidente sortante de la Commission de l'UA!

Faut-il s'étonner que Jacob Zuma, partisan inconditionnel mais intéressé d'Alger, accueille aujourd'hui un criminel de guerre à Pretoria? Qui a dit que les loups ne se mangent pas entre eux?

Par Ziad Alami
Le 06/01/2017 à 16h29