Réforme de l’enseignement supérieur: le milieu académique oppose son veto

Azzedine El Midaoui, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation.

Revue de presseEn adoptant en Conseil de gouvernement le projet de loi 59.24 sur l’enseignement supérieur et la recherche scientifique, l’Exécutif pensait poser les bases d’une refonte, structurelle, du système universitaire du Royaume. Mais cette démarche, menée sans réelles concertations, suscite une levée de boucliers dans les milieux académiques. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Al Akhbar.

Le 31/08/2025 à 18h06

Le Syndicat national de l’enseignement supérieur, ainsi que plusieurs organisations étudiantes, ont annoncé leur rejet du projet de loi relatif à l’enseignement supérieur et à la recherche scientifique, adopté par le Conseil de gouvernement, lors de sa réunion, tenue le jeudi 28 août dernier. C’est ce qu’indique le quotidien Al Akhbar, dans son édition de ce lundi 1er septembre.

Ce projet vise à définir les orientations de la politique publique en matière d’enseignement supérieur et de recherche scientifique, ainsi qu’à organiser ce secteur, notamment en ce qui concerne sa structuration, son système de gouvernance, ses règles pédagogiques et linguistiques, ainsi que les mécanismes de suivi, d’accompagnement et d’évaluation.

Mais, il y a un mais. Le bureau national du Syndicat national de l’enseignement supérieur a tenu, vendredi dernier, une réunion extraordinaire à la Faculté des sciences de Rabat, consacrée exclusivement aux dernières évolutions du système d’enseignement supérieur et de recherche scientifique, en particulier l’adoption du projet de loi 59.24.

Le syndicat a dénoncé l’adoption du texte par le gouvernement sans concertation avec les parties prenantes directement concernées par l’avenir de l’université, au premier rang desquelles le Syndicat national de l’enseignement supérieur. Il a qualifié cette démarche de «méthode d’exclusion» de la part du ministre de l’Enseignement supérieur, l’accusant de ne pas avoir respecté les engagements pris lors de la réunion du 24 juillet dernier, a-t-on pu lire.

À cette occasion, le ministre avait promis de régler le dossier de l’équivalence de la thèse française de doctorat, d’accorder des promotions liées à l’ancienneté générale et de lever l’impôt sur les indemnités de recherche scientifique. «Dans un communiqué, le bureau national du syndicat a exprimé sa ferme opposition à cette méthode, qu’il considère comme une mise à l’écart du rôle des partenaires sociaux. Il a affirmé sa détermination à s’opposer à tout projet de loi susceptible de porter atteinte à l’identité de l’université publique, en imposant une tutelle excessive, en limitant l’autonomie de décision de ses instances, en remettant en cause le principe de la gratuité de l’enseignement supérieur, en favorisant la privatisation, en affaiblissant le rôle de l’université publique et en mettant en danger la souveraineté nationale en matière d’éducation», a-t-on encore pu lire.

Le syndicat a également rappelé que ce texte remet en cause certains acquis, dont l’accord conclu le 20 octobre 2022 entre le gouvernement et le Syndicat national de l’enseignement supérieur. Par ailleurs, la centrale syndicale a exprimé son refus de la mise en œuvre unilatérale du nouveau cahier des normes pédagogiques nationales, élaboré en dehors des instances légales et sans la participation des enseignants.

À l’issue de cette réunion, le bureau national a décidé de maintenir sa mobilisation ouverte, «compte tenu de la gravité de la situation», et a convoqué le Conseil administratif à une réunion, prévue le dimanche 14 septembre prochain. L’objectif, arrêter la procédure législative du projet et le ramener à la table des négociations, afin de préserver la paix sociale au sein de l’université. Le syndicat appelle enfin les enseignants à refuser de participer à la mise en œuvre de la réforme pédagogique en cours: chaud devant.

Par La Rédaction
Le 31/08/2025 à 18h06