L’affaire Khalid Aliouia est en train de réveiller de vieux démons. Aperçu mardi dernier dans les travées de la Cour d’appel de Casablanca, en compagnie de son avocat, Driss Lachgar, par ailleurs premier secrétaire de l’USFP, l’ancien patron du CIH, toujours sous le coup d’une poursuite pour détournement de deniers publics, a donné matière à débat à la Chambre des conseillers.
Ainsi, plusieurs parlementaires, de l’actuelle opposition surtout, viennent d’accuser Mustapha Ramid d’avoir, du temps où il était ministre de la Justice, fait preuve de sélectivité en envoyant en priorité, sur la base des rapports de la Cour des comptes, les dossiers de ses adversaires politiques devant les tribunaux. Le cas le plus emblématique est celui de l’USFPiste Khalid Aliouia, que l’ancien ministre de la Justice de Benkirane aurait conduit derrière les barreaux d’Oukacha, de juin 2012 à mars 2013.
Selon le quotidien Assabah de ce mardi 4 décembre, certains élus de la seconde Chambre ont saisi l’occasion de la discussion du budget du ministère d’Etat aux Droits de l’Homme pour reprocher à Mustapha Ramid d’avoir épargné des édiles du PJD, impliqués dans des détournements de deniers publics, pour enfoncer ses seuls opposants politiques.
C’est Mohamed Alami, chef du groupe parlementaire de l’USFP à la Chambre des conseillers, qui a ouvert les hostilités contre l’ancien ministre de la Justice et actuel détenteur du portefeuille des Droits de l’Homme, l’accusant d’avoir été sélectif dans le traitement des dossiers qui lui ont été transmis par la Cour des comptes.
Et Mohamed Alami d’affirmer que le précédent gouvernement avait mené une «politique pénale», choisissant par exemple de transférer à la justice le dossier du Crédit immobilier et hôtelier (CIH), où son ancien DG, Khalid Aliouia a été poursuivi, tout en délaissant d’autres dossiers de détournement, comme celui impliquant le PJDiste Jamaa Moatassim, maire de Salé et directeur de cabinet du chef du gouvernement.
Certains parlementaires du PAM, de l’UC, de l’Istiqlal et du Mouvement populaire auraient soutenu ces accusations d’instrumentalisation de la Justice contre les adversaires du PJD, accusations que Mustapha Ramid a rejetées en bloc. Pour se défendre, le ministre d’Etat a affirmé que le transfert aux tribunaux des dossiers soumis à son ex-département par la Cour des comptes n’était pas de sa compétence. Il a même demandé aux parlementaires de prendre le témoignage de Mohamed Abdennabaoui, président du ministère public (parquet général), qui était à l’époque directeur des affaires pénales au ministère de la Justice.