"Le capital immatériel s’affirme désormais comme un des paramètres les plus récents qui ont été retenus au niveau international pour mesurer la valeur globale des Etats et des entreprises". Dans son discours prononcé à l’occasion de la fête du trône, le roi Mohammed VI a donné ses instructions pour la réalisation d’une étude sur la richesse globale du pays en tenant compte de ce concept économique novateur. Selon la méthodologie de la Banque mondiale, le capital immatériel est évalué "en déduisant de la richesse nationale (valeur actualisée de la consommation future sur une génération) le capital produit, le capital naturel et en y ajoutant les avoirs financiers nets". Il intègre l’ensemble des actifs qui ne sont pas tangibles et qui par conséquent sont moins faciles à mesurer, comme le capital humain, le capital social et la qualité des institutions. Il s’agit donc d’éléments non monétaires et sans substance physique mais ayant une valeur positive.
Sur la base des évaluations réalisées par la Banque mondiale, le capital immatériel du Maroc a progressé, entre 2000 et 2013, de 4,7% en moyenne par an, soit près de 82% sur toute la période. Mieux encore, sa contribution à la richesse globale est passée de 72,8% en 2000 à 75,7% en 2013. Un tel niveau, selon les experts, est proche de celui des pays développés. Il semble donc logique d’orienter les politiques publiques de manière à cibler les composantes du capital immatériel pour entretenir un cercle vertueux de développement économique et social.
"C’est une initiative qui marquera un tournant dans l'évaluation et la comptabilisation de la richesse du royaume. Les agrégats monétaires vont désormais être mis en perspective par rapport à des dimensions à la fois institutionnelle, sociale et environnementale", estime l'économiste Fouad Benseddik dans une déclaration accordée à la MAP. Pour ce directeur des méthodes de l'agence de notation internationale Vigeo (basée à Paris) et membre du CESE, le capital immatériel est une immense richesse pour le Maroc. "C'est un vieux capital dont la capacité d'accumulation s'est accélérée avec les réformes qui ont eu lieu sur le plan institutionnel, politique et économique au cours des 15- 20 dernières années". Et de conclure : "Il y a des éléments essentiels pour mesurer la capacité d’un pays à fabriquer de la richesse et se développer, comme la cohésion sociale, l'efficience des institutions, l'efficacité de la justice, le respect de la règle de droit, le respect des droits de l'homme, la sécurité, l'innovation, la capacité d'un pays de résoudre pacifiquement les conflits, la capacité des acteurs sociaux à dialoguer, à protéger les équilibres écologiques et la biodiversité". Qui a dit donc que ce qui est immatériel ne se mesure pas?