L’enquête sur le retard accusé dans la réalisation des projets de développement d’Al Hoceïma risque de toucher Abdelilah Benkirane, qui était chef du gouvernement au moment du lancement du programme, avancent les quotidiens Al Ahdath Al Maghribia et Assabah dans leurs numéros du mercredi 4 octobre. Et de rappeler que, après avoir pris connaissance, lundi 2 octobre, des rapports de l’enquête gouvernementale sur ces projets, le souverain a donné ses instructions à la Cour des comptes pour lancer sa propre enquête dans un délai de 10 jours.
Al Ahdath Al Maghribia souligne que, si le volet pénal de cette affaire est clos, c'est désormais à la question de la bonne gouvernance que va s'intéresser l'enquête. Et l’ancien gouvernement mené par Abdelilah Benkirane est, par conséquent, dans la ligne de mire. La Cour des comptes devra, en effet, pointer les éventuelles défaillances de l’Exécutif dans la gestion du programme de développement d’Al Hoceïma. Ses conclusions pourraient donner lieu à des sanctions, d'autant que le rapport présenté au roi, lundi dernier, relevait des dysfonctionnements au niveau de projets très en retard. Certains n’ont même jamais été lancés.
Al Ahdath Al Maghribia affirme que cette enquête de la Cour des comptes donnera d'ailleurs toute sa crédibilité au travail effectué pour définir les responsabilités. En effet, lorsque la constitution d’une commission composée de l’Inspection générale de l’Intérieur et de celle du ministère des Finances avait été annoncée, d’aucuns avaient dénoncé un éventuel conflit d’intérêts. «Comment le gouvernement peut-il enquêter sur des défaillances concernant le gouvernement lui-même», s’étaient alors demandé certains.
Avec l’indépendance que l’on reconnaît à la Cour des comptes, cette question ne devrait plus se poser.
Pour sa part, Assabah rapporte que les ministres des gouvernements Benkirane et El Othmani retiennent leur souffle, en attendant les résultats de l'enquête de la Cour des comptes. Les deux gouvernements sont en effet concernés pour avoir eu la possibilité de mobiliser de nouveaux crédits budgétaires afin de rattraper les retards ou résoudre des problèmes liés à des projets stratégiques lancés dans le royaume.
L’audit touchera d'ailleurs quasiment tous les ministres, actuels ou sortants, concernés par des projets entrant dans le cadre du programme de développement d’Al Hoceïma, mais aussi le président de la région, Ilyas El Omari.
Autant dire que nombre de personnalités politiques risquent de passer des moments difficiles, en attendant les conclusions de l'enquête.