Le Programme d’urgence de l’Education nationale, conçu comme la pierre angulaire de la réforme du système d’enseignement, se rappelle au souvenir de ceux et de celles qui avaient la charge de le faire aboutir. Les scandales qui avaient émaillé l’exécution de ce programme refont ainsi surface.
En effet, mercredi dernier, comme le rappelle Al Akhbar dans sa livraison de ce vendredi 23 mars, la Cour d’appel a engagé des poursuites contre les responsables de ce programme. Il s’agit, selon le journal, de 61 poursuites en justice concernant dix affaires et huit académies régionales sur les seize que comptait le Maroc à l’époque. Au total, rappelle Al Akhbar, 47 milliards de dirhams avaient été consacrés à ce programme et les faits pointés du doigt par les magistrats de Driss Jettou remontent à l’époque 2009-2012.
Au moment où l’affaire a commencé à s’ébruiter, plusieurs enquêtes ont été menées par l’Inspection générale du ministère de l’Education nationale et par celle des Finances (IGF). Et les résultats de ces enquêtes ont été accablants pour les responsables de l’époque, dont certains sont toujours en poste ou ont changé d’affectation depuis.
En gros, selon divers rapports, deux sociétés appartenant à un couple ont remporté 80% des marchés et bons de commande lancés par six académies régionales. On en sait encore un peu plus avec Al Massae, qui consacre une page entière au sujet. Les deux sociétés précitées n’ont pas seulement remporté la plus grande partie des marchés du programme, mais elles auraient également livré du matériel didactique non conforme ou de très mauvaise qualité, comme des supports fabriqués dans des usines clandestines de Casablanca et Salé et présentés comme des marchandises importées d’Europe. C’est le cas, souligne Al Massae, de laboratoires ambulants inutilisables à la livraison et qui n’ont donc jamais servi.
Les différents rapports parlent également de corruption, de clientélisme, d’opacité dans l’attribution des marchés, mais aussi de menaces et de pressions, comme l’auraient attesté des communications téléphoniques entre différents protagonistes. L’ancien ministre Rachid Belmokhtar avait admis tout cela lors d’une conférence de presse. Aujourd’hui, et après plus de cinq ans, on risque un méga-procès et des dizaines de personnes poursuivies.