Mohamed Aujjar, ministre de la Justice, s’attaque au problème du surpeuplement dans les prisons, ce qui va se traduire par une remise en question des conditions de la détention provisoire, rapportent Al Ahdath Al Maghribia et Assabah dans leurs numéros du jeudi 3 août. Les deux journaux indiquent, en effet, que le ministre s’est mobilisé, certains rapports d’ONG ayant révélé que, dans les différentes prisons marocaines, la limite des 40.000 détenus provisoires était largement franchie, avec tout ce que cela implique au niveau des conditions de détention.
Assabah fait remarquer que ces mouvements d’Aujjar coïncident avec un appel lancé par des parlementaires de la majorité et de l’opposition pour augmenter le budget consacré à la Délégation générale de l’administration pénitentiaire et de la réinsertion (DGAPR). Ils ont également appelé à trouver une solution concrète et pérenne au surpeuplement dans les prisons. Selon les données révélées par Assabah, il existe aujourd’hui plus de 79.000 personnes emprisonnées au Maroc, dont plus de 33.000 se trouvent en détention provisoire.
Des sources expliquent cependant au quotidien que la mission est loin d’être facile pour le ministre de la Justice. Et pour cause! S’attaquer aux problèmes de la détention provisoire passe inéluctablement par une réforme des textes de loi, qui restent si souvent évasifs qu’il est facile aujourd’hui, pour le Parquet, d’opter pour la détention provisoire plutôt que pour des poursuites en état de liberté. Et vu que l’enquête, dans certaines affaires, peut prendre de longs mois, les périodes de détention provisoire s’en trouvent logiquement étendues.
De son côté, Al Ahdath Al Maghribia se penche sur le même sujet en se basant sur des déclarations de Mustapha El Khalfi, porte-parole du gouvernement. Ce dernier a révélé que l’Exécutif avait une orientation claire en vue «d’humaniser» davantage les prisons marocaines. Le responsable n’a cependant pas manqué, lorsqu’il s'est prononcé devant la Chambre des conseillers, mardi dernier, de rappeler que, depuis le mandat du gouvernement Benkirane, une nette amélioration avait été constatée dans les conditions de détention dans les prisons, avec notamment l’ouverture de onze nouveaux centres pénitenciers qui ont permis de réduire de près de 10% le taux de surpeuplement. Le ministre a également annoncé l’ouverture prochaine de 5 nouveaux pénitenciers, ainsi que de nouvelles mesures pour améliorer l’alimentation des détenus et leur prise en charge médicale.
C’est dire qu’une petite révolution se prépare dans les prisons marocaines. Reste à savoir ce que cela coûtera à l’État et, surtout, si le gouvernement réussira à trouver les budgets nécessaires.