Mercredi dernier à Paris, l’hôpital militaire du Val-de-Grâce a été le théâtre d’une tentative d’intrusion de l’ancien capitaine Mustapha Adib dans la chambre où a été admis le général de corps d’armée Abdelaziz Bennani, tombé dans un coma profond. Cette tentative d’agression d’un malade inconscient a fait l’objet d’une double protestation du Maroc. D’abord par le biais de Yassine Mansouri, directeur général d'Etudes et de Documentation, qui a convoqué Charles Fries, l’ambassadeur de France à Rabat. Ensuite de la part de Chakib Benmoussa, ambassadeur du Maroc à Paris, qui a dénoncé cet acte auprès du ministère français des Affaires étrangères.
Que l’on mesure un peu le caractère odieux de la situation : un prétendu opposant du régime marocain, ancien capitaine dans l’armée de l’air de son état, s’introduit dans le lieu où l’on tente de sortir du coma un général de corps d’armée au Maroc. Son intrusion est accompagnée d’un cérémonial volontairement humiliant à l’égard de ce malade inerte. Un bouquet de fleurs fanées, accompagné d’un "poème" où Adib traite le général comateux de criminel, "qui a jeté des millions d’orphelins dans la rue". Adib est très fier de son numéro, savamment orchestré avec l’aide de complices, puisqu’il a posté sur sa page facebook des photos où il pose avec son bouquet et son "poème" à l’entrée de Val-de-Grâce.
Quand la protestation du Maroc a été rendue publique, Adib a réagi sur sa page facebook avec des rires gras : "URGENT: Le Général Abdelaziz BENNANI aux nombreuses médailles et décorations se plaint depuis son luxe parisien de "agression morale" héhéhéhéhéhéhéhé. C'est quoi ces militaires? Que ferait il devant le vrai ennemi?" Le général ne peut pas se plaindre, parce que son état ne le lui permet pas. A ce sujet, il y a quelque chose d’insoutenable dans le fait de s’attaquer à un homme dans le coma. Cela est moralement indéfendable, éthiquement inadmissible et humainement ignoble. Cet acte en dit long sur les principes et valeurs dont se proclame Mustapha Adib. Quel démocrate, quel opposant chercherait à humilier un impotent ? Quel courage y a-t-il à s’attaquer à ceux qui ne peuvent même pas crier pour se défendre ?
Adib, qui a obtenu la nationalité française et dispose d’un passeport français, multiplie les déplacements au Maroc. Il semble avoir fait du rire goguenard et de l’irrespect un mode opératoire pour se tailler un costume d’opposant. Il existe peu de distance entre le fait de s’attaquer à la chambre où est admis un homme dans le coma et la profanation d'une tombe. Abid est un profanateur au sens vil du mot. C’est-à-dire un homme conduit par des impulsions primaires et non par des principes. Tout le contraire d’un opposant.
Un mystère demeure : comment est-ce que les autorités françaises accordent aussi facilement la nationalité à un repris de justice qui s’autoproclame opposant alors qu’elles délivrent au compte-goutte des visas à d’honnêtes citoyens qui doivent passer parfois par les douze travaux de Hercule, y compris quand ils sont contraints de se faire soigner en France, pour obtenir le sésame qui ouvre la porte de l’Hexagone ? Cette facilité déconcertante à octroyer la nationalité française à Mustapha Adib peut être sentie par ce dernier comme un encouragement, voire un passe-droit, pour multiplier les exactions à l’égard des institutions marocaines.
Dans sa tentative d'humilier un malade, Adib engage la responsabilité de l’administration du Val-de-Grâce, un établissement où sont admis des chefs d’Etat et dont les entrées et sorties sont surveillées. Abid a agi comme s’il se trouvait dans une gare routière. Ce qui suscite bien des interrogations sur les complicités dont il s’est assuré pour accéder à la chambre du général Bennani. On attend que l’enquête diligentée par le ministère français de la Défense fasse la lumière sur cette intrusion et dévoile les facilités dont a bénéficié Adib pour perpétrer son acte insoutenable.