Pourquoi le régime bolivarien du Venezuela s’est attiré les foudres de Rabat

Siège du ministère des Affaires étrangères et de la coopération, à Rabat.

Siège du ministère des Affaires étrangères et de la coopération, à Rabat. . Dr

Le ministère des Affaires étrangères et de la coopération a diffusé un communiqué dans lequel il a exprimé «la profonde préoccupation du Maroc» quant à la situation interne au Venezuela, pointant du doigt directement le régime de Nicolas Maduro. Les raisons de la charge marocaine.

Le 22/04/2017 à 12h31

L’attitude du régime bolivarien du Venezuela à l’égard du Maroc avait de quoi surprendre le commun des observateurs. Ce régime en rupture de ban n’avait pourtant pas besoin de cette politique hostile envers le royaume qui a toujours su faire preuve de modération, faisant sien le principe de «non-ingérence» dans les affaires internes d’autres Etats souverains.

La sortie du ministère des Affaires étrangères et de la coopération, jeudi 20 avril, pour marquer sa réprobation aux malencontreux événements survenus en république bolivarienne du Venezuela interpelle à tout point de vue. Par la force du ton adopté dans la réaction exprimée dans le communiqué, la terminologie triée sur le volet portant les justes mots aux injustes maux qui déchirent le peuple vénézuélien malgré la richesse du pays en hydrocarbures, la clarté de la position à l’égard de la politique répressive suivie par le régime de Maduro… En somme, autant de constats qui viennent rappeler ce régime à ses responsabilités politiques et morales non assumées envers son peuple. En d’autres termes, ce régime impopulaire, liberticide et rentier n’est pas habilité à faire aux autres la leçon sur le respect des droits alors qu’il est le premier à les fouler aux pieds.

Voilà justement où le bât blesse. «Depuis trois ans, la position du Venezuela à l’égard du Maroc a connu une radicalisation sans précédent par rapport à la question du Sahara marocain. Cette attitude a été portée par l’ambassadeur du Venezuela aux Nations unies, M. Ramirez Carreno, qui a démontré une fixation sur le Sahara marocain lors des différentes réunions onusiennes», fait observer un diplomate connaisseur du dossier, dans une déclaration à le360.

Un constat que les faits ne sauraient pas démentir. Appréciez par vous-mêmes ces élucubrations fantaisistes de monsieur l’ambassadeur représentant permanent de la république boliviarienne du Venezuela. «… Nous sommes préoccupés par le fait que, en l’absence d’un référendum, le processus de colonisation du Sahara occidental se poursuit, y compris la détérioration des droits du peuple sahraoui et l’exploitation illégale de ses ressources naturelles, nuisant ainsi à la stabilité et à la paix dans la région»!!

Réponse du berger à la bergère. «La large contestation populaire que connaît le Venezuela est le résultat de la détérioration profonde de la situation politique, économique et sociale dans le pays», souligne le ministère marocain des Affaires étrangères et de la coopération, notant à juste titre que «cette situation est sans commune mesure avec les ressources importantes en hydrocarbures dont dispose le pays, et qui restent, malheureusement, accaparées par une oligarchie minoritaire au pouvoir».

Dans le flot des billevesées servies par monsieur le représentant permanent du Venezuela à l’ONU, d’autres croustillantes tout aussi cyniques les unes que les autres viennent démontrer la méchanceté gratuite du régime de Caracas envers le royaume du Maroc, particulièrement sur la question de son intégrité territoriale. «Si l’on ne garantit pas au peuple du Sahara occidental le droit de décider de son sort et si l’on permet au Royaume du Maroc de continuer à occuper ce territoire, ce sera la première fois depuis la création de l’ONU que la communauté internationale aura accepté de facto qu’un territoire autonome reconnu comme tel à la suite d’un processus de décolonisation soit annexé par la force, sans le consentement de la population», a-t-il encore détonné, lors d’une réunion du Comité des 24 et de la 4ème Commission de l’Assemblée générale de l’ONU.

Passons sur ces envolées tiers-mondistes, à ranger au musée des vestiges de la défunte guerre froide, car l’ambassadeur du Venezuela veut aussi s’intéresser, en preux chevalier du droit-de-l’hommisme en vogue, à ce qu’il appelle, du haut de son hypocrisie, «les violations systématiques des droits de l’Homme dans la dernière colonie en Afrique»!Une allégation surréaliste, autant que l'attitude de son auteur, et qui a nécessité une mise au point appropriée de la part du ministère des Affaires étrangères et de la coopération. «Les citoyens vénézuéliens s'en trouvent privés de leurs droits humains les plus élémentaires à la médication, à l’alimentation, à l’accès à l’eau potable et aux services sociaux de base», relève le ministère marocain.

Mais le régime de Caracas, qui fait de la politique de la fuite en avant un «système de gouvernance», semble n’y voir que du feu! En atteste une pléthore de divagations tout aussi étonnantes les unes que les autres.

Rappel des actions hostiles menées au niveau des Nations unies

L’ambassadeur vénézuélien a exploité la présence du Venezuela au Conseil de Sécurité de l’ONU et sa présidence du Comité des 24, Organe subsidiaire de l’Assemblée générale de l’ONU pour tenter de:

- Conférer au Polisario la qualité du seul représentant du Sahara

- Refuser la participation des élus des provinces du sud aux travaux du séminaire régional du C24 au Nicaragua en mai 2016

- Organiser une manifestation tendancieuse sur le Sahara aux Nations Unies avec la participation d’experts hostiles au Maroc

- Refuser l’examen de la candidature du Maroc et d’autres pays au Comité des 24, en violation flagrante des règles de procédure des Nations Unies qui donnent droit à tous les Etats membres pour devenir membre

- Provoquer près de 20 réunions au sein du Conseil de Sécurité pour instrumentaliser la question du Sahara et exprimer des positions anti-marocainnes.

Et ce n’est pas tout! Sur le plan bilatéral, les relations entre le Maroc et le Venezuela sont au point mort, en raison de l’hostilité constante de ce pays à l’égard de notre cause nationale. Le Venezuela qui reconnaît la pseudo «RASD» depuis 1982, apporte tout son soutien à cette entité fantoche, qui dispose d’une soit disant «ambassade» à Caracas.

Face à ces actions résolument hostiles, le Maroc ne pouvait évidemment rester sans riposter. Le 15 janvier 2009, le royaume du Maroc a décidé de fermer son ambassade en République Bolivarienne du Venezuela et de la transférer en République Dominicaine. Cette décision fait suite «à l’hostilité croissante des autorités vénézuéliennes à l’égard de la question de l’intégrité territoriale du Royaume, et aux récentes mesures de soutien à la pseudo «RASD», prises par le gouvernement de ce pays», explique à le360 un fin connaisseur du dossier. Cet acte n’a toutefois pas dissuadé le régime bolivarien de renoncer à sa politique anti-marocaine. «Le 12 mars 2013, à peine quatre jours après son investiture en tant que Président par intérim, M. Nicolas Maduro a reçu, le soi-disant nouvel «ambassadeur» de la pseudo «RASD» à Caracas, le dénommé Mohamed Salem Daha, qui lui a présenté ses soi-disant «lettres de créance», relève encore notre source.

Et ce n’est pas fini! Le 19 avril 2013, à l’occasion de son investiture en tant que président du Venezuela, M. Nicolas Maduro a reçu une «délégation du Polisario». Lors de cette rencontre, le président Maduro aurait exprimé des propos dangereux à l’égard de l’intégrité territoriale de notre pays.

Ces attitudes ouvertement hostiles aux intérêts suprêmes du Maroc ont motivé la réaction officielle du royaume en convoquant, à plusieurs reprises, le Chargé d’Affaires du Venezuela à Rabat au ministère des Affaires étrangères et de la coopération pour lui communiquer la protestation, la surprise, voire l’étonnement et la déception du Maroc face à ces propos. Il lui a été également signifié que le Maroc évalue la situation et adoptera les mesures qui s’imposent. Des mesures appropriées à l'attitude inappropriée d'un régime vénézuélien en déshérence et en déperdition totale.

Par M'Hamed Hamrouch
Le 22/04/2017 à 12h31