Portrait. Nizar, la Baraka de l’Istiqlal?

Nizar Baraka, président du Conseil économique, social et environnemental (CESE).

Nizar Baraka, président du Conseil économique, social et environnemental (CESE). . Le360

Nizar Baraka, qui a toujours travaillé dans l’ombre, a fini par se manifester et se poser en sauveur du plus vieux parti du Maroc, l’Istiqlal. Il a la confiance des militants, mais parviendra-t-il à venir à bout de la «machine Chabat». Eléments de réponse et de portrait.

Le 21/02/2017 à 20h11

Nous sommes à Marrakech ce dimanche 19 février. Les Istiqlaliens sont tristes. Ils le sont pour le sort de leur parti, mais surtout, ce jour-là, pour la perte de M’hamed Boucetta, ex-SG du PI et l’un des sages du parti de la Balance.

Hamid Chabat est de la partie. Mais tous les yeux sont rivés sur Nizar Baraka, le patron du Conseil économique, social et environnemental (CESE).

Depuis sa sortie sur Assabah avec une tribune libre appelant à une autocritique pour sauver l’Istiqlal, tout le monde a saisi le message. C’est le début de quelque chose. Et peut-être le début de la fin pour Chabat.

L’après-Boucetta

Tout le monde a saisi un autre message lourd de sens. Les Istiqlaliens ont empêché Hamid Chabat de se placer dans les premiers rangs du cortège funèbre de feu Boucetta. Et pour l’oraison funèbre, c’est M’hamed El Khalifa qui s’en est chargée. «La tradition veut que ce soit un SG qui le fasse pour son prédécesseur mais il était hors de question que Chabat ait droit à un tel honneur», explique un dirigeant mis au ban.

Nizar Baraka, lui, continuait à serrer des mains. Les Istiqlaliens présents ce dimanche-là dans la ville ocre signifiaient ainsi qu’ils étaient partants avec lui.

Istiqlalien de père et de grand-père

L’Istiqlal, Nizar Baraka est tombé dedans quand il a vu le jour à Rabat en 1964. Hassan Baraka, son père, ancien ambassadeur du Maroc à Madrid, est l’une des figures de proue du PI. Leila El Fassi, sa mère, est la fille de Allal, le fondateur.

«Réduire le tout à un retour aux commandes des Fassis n’est pas du tout la bonne lecture de ce qui se passe au sein du parti», répond un ancien ministre istiqlalien.

Dans cette famille istiqlalienne, il fait son apprentissage politique, mais il est aussi poussé à réussir ses études. Elève timide (la timidité ne l’a jamais quitté d’ailleurs), il accumule les diplômes. Il quitte la Fac de droit de Rabat pour Marseille d’où il revient avec un doctorat en sciences économiques.

Après avoir enseigné dans plusieurs établissements publics, il atterrit au ministère des Finances en 1996.Au PI, il impose son expertise. Les programmes électoraux du parti portent sa trace sur les volets économiques.

Dans le gouvernement El Fassi (il est le beau-fils de Abbas El Fassi), il devient ministre des Affaires économiques et sociales. Il rempile dans l’équipe de Benkirane I en tant qu’Argentier du royaume.

Quand Chabat décide de claquer la porte du gouvernement, Nizar Baraka, même en froid avec le SG du parti, fait montre d’une discipline sans faille et présente sa démission le 9 juillet 2013.

Mais il ne va pas trop chômer. Le 21 août de la même année, le souverain le nomme à la tête du CESE, l’une des institutions de bonne gouvernance connue pour la qualité de son travail et de ses rapports.

Défier Chabat

Mais suffit-il d’une tribune libre et de quelques soutiens forts pour «récupérer» le parti et fermer la parenthèse Chabat? La tâche paraît difficile pour ne pas dire impossible.

Pour le prochain congrès national (fin mars), l’actuel SG a tout verrouillé. L’UGTM (centrale syndicale du parti) lui est toujours fidèle. Tout comme le Conseil national où il a placé ses hommes et ses femmes.

Et au comité préparatoire du prochain congrès, que préside Abdellah Bakkali, directeur d’Al Alam, le président du CESE n’a pratiquement aucune chance de faire entendre sa voix.

«A moins qu’il n'accepte de céder le poste, je ne vois pas comment on peut se débarrasser de Hamid Chabat. Le seul qui aurait pu lui tenir tête est un M’hamed El Khalifa par exemple», commente cet ancien dirigeant du PI.

Pour rappel, en septembre 2012, l’oncle de Nizar Baraka (Abdelouahed El Fassi, fondateur du mouvement Bila Hawada), n’a pas réussi à avoir raison de Chabat dans la course au poste de SG.

Le neveu réussira-t-il là où l’oncle a échoué?

Réponse le 31 mars.

Par Mohammed Boudarham
Le 21/02/2017 à 20h11