Polisario: désertion d'un militaire et débandade dans les rangs des séparatistes

Sous-équipés et désorganisés, les soldats de la milice armée savent qu'ils ne font pas le poids.

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Revue de presseKiosque360. Un officier du front séparatiste a fui les camps de Tindouf pour rallier le Maroc. Une désertion qui s’ajoute à d’autres, après la multiplication des rébellions dans les camps de Tindouf et le désarroi du Polisario face à la tension en Algérie.

Le 19/03/2019 à 20h15

La direction du Polisario, ainsi que les médias à sa solde, gardent un silence embarrassé après la défection de l’un de ses responsables militaires qui a rallié le Maroc. Une source militaire marocaine indique que ce cadre rebelle a déclaré qu’il était un commandant assurant la fonction d’officier adjoint de «la gendarmerie du front séparatiste». Il s’est présenté, lundi dernier, au niveau de la ligne de défense dans la région de Farcia (oued Draa) et a émis le souhait de rallier le Maroc. Selon la même source, le déserteur, âgé de 29 ans, était à bord d’une jeep bariolée. Il a déclaré qu’il existait d’autres rebelles désireux de retourner dans leur pays. Ces défections sont gardées secrètes, en attendant que le Polisario trouve un scénario semblable à celui qu’il brandit à chaque fois qu’il s’agit de la disparition de l’un de ses responsables.

La fuite des militaires à travers le mur (dispositif de défense marocain) fait suite à la série de sit-in de protestation inédits à l’intérieur des camps de la honte. La direction du Polisario a, en effet, vécu un mois agité suite aux contestations des tribus Reguibat contre la disparition de leur fils Ahmed Khalil. Une affaire d’enlèvement qui a refait surface après 9 ans de black-out au cours desquels le Polisario a toujours déclaré ignorer le sort de celui qui fut, pourtant, un dirigeant influent. L’ébullition au sein de la société civile a permis aux séquestrés de briser le mur du silence pour dénoncer ce qui se passe dans les camps de Tindouf. D’autant que la direction du Polisario vit dans le désarroi et la confusion à cause de la situation de tension que vit l’Algérie. Une conjugaison de facteurs qui a encouragé les contestataires à dénoncer les conditions déplorables qu’ils ont endurées pendant des années. Bien plus, ils ont appelé à adopter une approche leur permettant de pouvoir aller au-delà du mur (dispositif de défense marocain).

Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du mercredi 20 mars, que la grogne dans les camps prend une ampleur jamais égalée. Il donne, comme exemple, le sit in organisé par une famille sahraouie devant la mission du Minurso à Mijik, à l’Est du mur de sable marocain. Cette famille a adressé une lettre à Horst Köhler, l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU, et à toutes les organisations mondiales. Elle les appelle à secourir leurs enfants devenus des sans-abri à la merci de la répression polisarienne.

Cette rébellion s’ajoute à la tension qu’ont connue les camps suite à la désertion du dirigeant militaire du front séparatiste. Très embarrassé par cette énième défection, le Polisario a tantôt accusé le déserteur de trahison, tantôt de détournement, avant de lui assurer son pardon s’il décidait de réintégrer les camps de Tindouf. Auparavant, le courant Khat Achahid avait adressé une lettre au sommet de l’UA qui s’est tenu à Nouakchott, lettre dans laquelle il dénonce la brutalité de la direction du Polisario: «La direction du Polisario n’est qu’un groupe de personnes qui s’accrochent au pouvoir. Certains d’entre elles sont des criminels qui font de la misère des populations des camps un fonds de commerce». Le courant poursuit en s’adressant à la présidence du sommet de l’UA: « Chaque jour, chaque mois et chaque année qui passe sans la résolution de ce conflit est un crime contre l’humanité envers nos femmes, nos vieillards et nos enfants. Ils souffrent, tous, sous les tentes depuis plus de 45 ans dans une lutte qui ne sert que ceux qui savent pêcher en eaux troubles. C’est pour cela que nous vous demandons d’écouter notre point de vue et de le prendre en considération afin que la solution escomptée soit globale, juste et durable ».

Par Hassan Benadad
Le 19/03/2019 à 20h15