"Le nombre des plaintes pour disparitions forcées ou involontaires en Algérie est estimé à plus de 3.000 cas", a dit Houria. Es-Slami lors d'une conférence de presse tenue par le Groupe d'experts des Nations-unies sur les disparitions forcées ou involontaires, au terme de sa 108è session, tenue à Rabat du 8 au 12 février courant.
En Syrie, les familles des victimes ignorent, dans leur majorité, l'existence d'une instance en charge de ces dossiers, ce qui pourrait expliquer le nombre peu élevé des cas de disparitions forcées ou involontaires déclarés dans ce pays ravagé par la guerre, a souligné Houria Es-Slami, première femme à présider ce groupe établi en 1980 par la Commission des Nations-unies sur les droits de l'Homme.
Par ailleurs, elle a relevé que "le groupe de travail onusien dispose au total d'environ 45.000 plaintes issues de 88 pays", mettant en avant des chiffres alarmant concernant l'Iraq, l'Algérie et certains pays d'Amérique latine, où des cas de disparitions forcées datent depuis de longues années et auxquels s'ajoutent de nouveaux cas et plaintes. Elle a estimé, dans ce sens, que ces chiffres témoignent de la "situation dramatique" que présentent les cas de disparitions forcées dans nombre de foyers de tension.
Rappelant que le groupe de travail des Nations-unies sur les disparitions forcées ou involontaires, qui suit une procédure particulière, est soumis à des critères spéciaux en la matière, Mme Es-Slami a reconnu l'existence de plusieurs difficultés lorsqu'il s'agit de pays où l'on recense un grand nombre de cas de disparitions forcées ou involontaires.
De son côté, le vice-président du groupe d'experts des Nations-unies sur les disparitions forcées ou involontaires, Bernard Duhaime a fait part de la satisfaction des membres du Groupe des résultats de l'actuelle session qu'il a qualifiée de "très fructueuse", notant que le Groupe tient chaque année trois sessions, dont une est organisée à l'extérieur du siège basé à Genève.
"La tenue de cette session à Rabat nous a permis de nous rapprocher des organisations de la société civile, des familles et de tous les acteurs dans chaque continent pour faciliter le dialogue et notre compréhension de la situation sur le terrain", a-t-il dit.
Le Groupe a étudié plusieurs cas de disparitions forcées suivant la procédure habituelle en vigueur et était en mesure également de discuter avec différents acteurs, représentant aussi bien les autorités marocaines que la société civile et les familles, a précisé Duhaime, faisant état de la tenue d'une consultation avec des experts sur la question des disparitions forcées et des acteurs non-étatiques avant l'organisation de l'actuelle session.
Pour sa part, Ariel Dulitzky, membre du Groupe de travail, a souligné que les disparitions forcées constituent un crime contre l'humanité, notant que le Groupe est très préoccupé par la situation humanitaire particulièrement en Syrie et au Burundi et qu'il suit de près les plaintes qui lui sont soumises au niveau de ces deux pays.
Au cours de sa 108è session, la seconde organisée dans le Royaume à l'invitation du gouvernement marocain, le Groupe, composé de cinq experts indépendants, a examiné près de 600 cas concernant 43 pays. Il a rencontré également des familles de disparus, des représentants de la société civile et des représentants des autorités publiques de plusieurs pays, afin d'échanger des informations sur des cas individuels ainsi que pour discuter de questions thématiques relatives aux disparitions forcées.
Le groupe de travail a tenu également, en marge de sa session, un atelier d'experts sur le thème des disparitions forcées et acteurs non étatiques.