Les Amazighs se sont invités au débat du projet de Loi de finance qui se déroule actuellement au Parlement. Les activistes du mouvement amazigh ont, en effet, entrepris des actions de lobbying pour inciter les parlementaires à faire pression sur le gouvernement pour inclure un budget spécial dans la Loi de finances, consacré à la mise en œuvre de l’officialisation de la langue amazighe. Ce budget devrait servir, ainsi, à financer les efforts futurs du gouvernement pour l’intégration de la langue amazighe dans l’enseignement et les médias ainsi que dans les autres domaines de la vie publique, rapporte le quotidien Assabah dans sa livraison du jeudi 7 novembre.
Ainsi, dans une lettre adressée aux parlementaires, le Congrès mondial amazigh (CMA) affirme que cette demande intervient suite à l’entrée en vigueur de la loi organique 26.16 définissant le processus de mise en œuvre du caractère officiel de l’amazigh, ainsi que les modalités de son intégration dans l’enseignement et dans les domaines prioritaires de la vie publique.
D’après Rachid Raha, président du CMA, cité par le quotidien, la situation déplorable que connaît la mise en œuvre de l’officialisation de la langue amazighe dans les institutions et les administrations publiques, continue de s’aggrave d’un gouvernement à l’autre. Et ce, en raison de nombreux obstacles dus à la présence de résistances tantôt politiques, tantôt administratives. Selon la même source, un des résultats de cette résistance est l’abandon du projet visant à inclure l’amazigh dans le système éducatif national et les programmes d’alphabétisation.
Entre autres mesures décriées par le CMA, poursuit le quotidien, la décharge des enseignants spécialisés dans la langue amazighe et leur affectation aux classes d’arabe et du français, malgré la nature de leur formation qui les prédestine à l’enseignement de l’amazigh. Tout personne refusant sa nouvelle affectation, précise le CMA dans sa lettre reprise par Assabah, risque d’être renvoyée. L’organisation amazighe évoque également la régression de l’enseignement de cette langue, avec la baisse du nombre des classes dédiées et du volume horaire qui lui est consacré, sous prétexte du manque de ressources humaines.
Ce dossier de l’enseignement de l’amazigh, estime le CMA, nécessite justement des décisions politiques audacieuses et des positions fermes pour préserver l’amazigh et pour l’intégrer dans l’enseignement et, par delà, dans la vie publique afin qu’elle puisse accomplir pleinement ses fonctions de langue officielle. Malheureusement, regrette l’organisation mondiale amazighe le gouvernement ne fait montre d’aucune volonté politique pour ce faire. C’est pour cela, note Assabah, que le CMA a décidé de faire appelle aux parlementaires afin qu’ils usent de leurs pouvoirs constitutionnels, de leur prérogatives en tant que représentants de la nation et des outils légaux et législatifs dont ils disposent pour faire pression sur le gouvernement afin d’inscrit un budget spécial dans l’actuel PLF.