La crédibilité du Parti de la justice et du développement (PJD) sera mise à rude épreuve ce week-end. En effet, les fondements rhétoriques du mouvement - respect de la démocratie interne, lutte contre la longévité politique du «zaim» et rejet de l’héritage des sièges – sont malmenés depuis plusieurs mois par le souhait de Benkirane de faire un troisième mandat. Ce week-end, le conseil national du parti se réunira en session décisive pour baliser la voie du huitième congrès, qui scellera le sort du secrétariat général du mouvement pour le prochain mandat.
Dans un premier temps, l’appétit aiguisé de Benkirane pour préserver les commandes de la Lampe s’est heurté aux statuts du parti, qui ne permettaient pas la reconduction de son mandat. Mais après avoir usé de tout son poids au sein du secrétariat général et de la commission compétente, relevant du conseil national, lesdits statuts, notamment les articles 16 et 37, sont susceptibles de subir un amendement.
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Sauf qu’une fois ce premier obstacle surmonté, le projet de Benkirane se heurte aussi à la loi sur les partis, et notamment à son article 14, fait remarquer le quotidien Assabah dans son édition du week-end des 25 et 26 novembre. Et d’affirmer que des leaders du PJD craignent que le comportement de Benkirane conduise le parti à une confrontation avec les autorités de l’Intérieur. Car, explique le quotidien, la loi sur les partis permet aux autorités de saisir le tribunal administratif, dans un délai de soixante jours, contre une réforme des statuts qui irait à l’encontre des lois en vigueur.
Selon le quotidien Al Ahdath dans son édition du week-end, la stratégie du secrétaire général a déjà scindé le parti entre partisans et détracteurs. A quelques jours du congrès national, écrit le quotidien, chaque clan tente de trouver les arguments pour convaincre les bases et recueillir plus de voix. Conjoncture actuelle défavorable, non respect des principes du parti et de la démocratie interne, violation de l’éthique, dérive vers une personnalisation du pouvoir d’un côté, peur de «changer une équipe qui gagne» de l’autre.
Dans Akhbar Al Youm, réputé proche du clan Benkirane, on penche habilement en faveur de ce dernier. «Durant les dernières semaines, le clan des ministres a baissé le ton et manifesté sa volonté d’accepter les résultats du congrès, même s’ils n’étaient pas en sa faveur», écrit le journal. Ce constat, renchérit le quotidien, est intervenu à l’issue des congrès régionaux et de la désignation des congressistes, dont la majorité a recommandé au secrétariat général de réformer les statuts du parti.