Le Parti Justice et développement n’a pas fait que «tirer son épingle du jeu électoral», comme l’auront estimé la plupart des analystes politiques dans les différentes tribunes médiatiques internationales. Donné troisième dans les résultats définitifs annoncés, ce samedi 5 septembre, par le ministre de l’Intérieur, Mohamed Hassad, derrière le Parti Authenticité et Modernité (PAM), et juste après son farouche adversaire (Parti de l’Istiqlal), le parti islamiste, au pouvoir, a non seulement confirmé, mais il a également pris une sacrée revanche sur ses adversaires politiques.
Il y a des indicateurs qui ne trompent pas. Comme celui-là, significatif à bien des égards: le PJD a réussi à battre ses opposants dans leurs propres fiefs électoraux. Pour s’en rendre compte, il n’est qu’à constater que ce parti, malgré les mesures impopulaires qu’il n’a eu de cesse de prendre depuis son arrivée au pouvoir début 2012, est parvenu à décrocher la commune urbaine d'Agadir (avec 33 sièges sur un total de 65), une commune urbaine traditionnellement estampillée USFP.
Autre percée «Capitale» du PJD, c’est à Rabat que ce parti l’a réalisée avec un score (excusez du peu) de 45% des sièges, sans compter d’autres citadelles islamistes issues de la même grande région comme Salé et Kénitra. Le socialiste Fathallou Oualalou, pas plus d'ailleurs que son compagnon de route, Driss Lachgar, premier secrétaire de l’USFP, n’auraient peut-être jamais essuyé un revers aussi cinglant.
Mais passons, car le PJD a réussi aussi à damer le pion à son «ennemi juré» Hamid Chabat, et là où ce dernier ne s’attendait sûrement pas : Fès-Al Mechouar. C’est ce qui a porté le SG du Parti de l’Istiqlal à parler de «débâcle» en réaction à cette victoire islamiste foudroyante dans la capitale spirituelle du royaume.
Que faut-il demander encore ? Tanger, où le Parti Authenticité et Modernité se croyait "indétrônable", est également passée, avec Assilah, dans le giron du Parti Justice et développement. Autant que la capitale économique, Casablanca, dont l’Union constitutionnelle (UC) tient les rênes depuis plus d’une décennie et demie.
Non, le PJD n’a pas fait que «tirer son épingle du jeu électoral». Il a plutôt réalisé un exploit, quand bien même il aurait visé les «poches» du citoyen ordinaire à coups de mesures parfois douloureuses.
Maintenant, quelles leçons peut-on retenir de ce nouveau «raz-de-marée» islamiste ? Quelle recette-miracle le PJD a-t-il utilisée pour mériter cette confiance populaire ?
Cette recette tiendrait en un seul mot : la realpolitik. Le PJD, contrairement aux surenchères de ses farouches adversaires, a su parler aux citoyens le langage de la vérité. Et tant qu’à parler de vérité, le PJD a bel et bien touché sa cible. Aux autres de changer de discours, car le peuple a compris. On ne fait pas campagne en poésie et on gouverne en prose.