Les parlementaires ont pointé du doigt plusieurs départements ministériels soupçonnés de népotisme et de collusion dans la passation des marchés publics. Selon le quotidien Assabah, qui rapporte l’information dans son édition du jeudi 22 juin, plusieurs rapports établis par les conseillers de la deuxième Chambre font état de ce genre de pratiques qui profitent à une poignée de sociétés connues et monopolisant les marchés publics passés par l’Etat.
Le journal affirme que les groupes parlementaires de la Chambre, qui compte dans son rang des représentants des entreprises privées, accusent certains départements ministériels de pénaliser les petites et moyenness entreprises, alors que la loi les oblige à leur réserver au moins 20% des marchés publics.
Les parlementaires, précise encore Assabah, n’ont donc pas hésité à apostropher les ministères concernés en brandissant une liste des entreprises privilégiées qui s’accaparent les marchés émis par leurs services. Ce faisant, les élus ont également pu établir que, à cause de ces pratiques, pas moins de 4.400 entreprises connaissaient des difficultés financières. Et ces chiffres ne concernent que les cinq premiers mois de cette année. Ces entreprises, à moins de bénéficier de leurs parts de marché, risquent, note le journal, de faire faillite.
Selon plusieurs sources concordantes, la Cour des comptes auditerait d'ailleurs, actuellement, les comptes du ministère de la Famille, de la solidarité et du développement social. Les magistrats de la Cour planchent, plus précisément, sur les marchés publics passés par le ministère pendant ces cinq dernières années, c’est-à-dire entre 2012 et 2016. Le contrôle de la Cour des comptes porte sur tous les marchés passés par les différents services de ce ministère.
Par ailleurs et selon un récent rapport de l’Instance nationale de prévention de la corruption (ICPC), la commande publique au Maroc est estimée à environ 60 milliards de DH en 2016, soit 15% du PIB. Ce qui fait des marchés publics un domaine très exposé aux risques de corruption et de collusion. Et cela à la fois en raison des montants importants en jeu, de la diversité des intervenants et de la multiplicité des règles et leur complexité, entre autres facteurs.
Le rapport a notamment relevé certains types d’irrégularités dans les marchés publics, comme le manque d’accès à l’information concernant les appels d’offres, le non respect des obligations de publicité, le clientélisme et le favoritisme dans le choix des adjudicataires. Cela en plus de la faiblesse du contrôle en matière d’attribution et d’exécution des marchés, ainsi que la fraude, les malversations et autres sortes de pratiques illicites.