Le 9 janvier, trois partis marocains jusque-là distincts – le Mouvement Populaire (MP), le Parti marocain libéral (PML) et le Parti national démocrate (PND) – ont surpris la scène politique nationale en annonçant la création d’une nouvelle alliance: le Bloc populaire. Cette initiative, selon ses initiateurs, vise à rompre avec l’immobilisme et à redonner un souffle nouveau à une arène politique jugée stagnante, indique le magazine Jeune Afrique. «Face à l’incapacité des institutions à encadrer les citoyens et à offrir des solutions concrètes, il est urgent d’agir», déclarent-ils dans une plateforme politique cosignée à Rabat par les leaders des trois partis: Mohamed Ouzzine (MP), Isaac Charia (PML) et Khalid Bakkali (PND).
Le Bloc populaire critique sévèrement une scène politique «affaiblie et gangrenée par des luttes de pouvoir stériles», alors que le Maroc traverse des mutations économiques et sociales rapides. Les nouveaux alliés dénoncent un système où querelles partisanes et rivalités prennent le pas sur les idées, créant «un vide dangereux», lit-on. En réponse, le bloc aspire à incarner un projet sociétal fédérateur, plaidant pour «un Maroc uni dans sa diversité».
Sur le plan institutionnel, le MP, pilier de l’alliance et deuxième force d’opposition parlementaire (28 sièges), représente une assise solide grâce à son ancrage historique depuis 1958. À ses côtés, le PML, fondé en 2002 par Mohamed Ziane, et le PND, marqué par des scissions successives, apportent des perspectives complémentaires.
Cité par Jeune Afrique, Mohamed Ouzzine souligne que cette coalition résulte d’une réflexion approfondie. Pour lui, les élections de 2021, loin d’apaiser les tensions, ont exacerbé un malaise latent. Il précise que le bloc n’est pas une solution miracle. Par le biais de tournées régionales, l’alliance ambitionne d’aller à la rencontre des citoyens, de recueillir leurs doléances et d’enrichir son programme. Interrogé sur une éventuelle fusion des trois partis avant les élections de 2026, Ouzzine se montre catégorique: «Il n’en est pas question pour l’instant, mais nous restons ouverts à toutes les forces vives désireuses de contribuer à la construction d’un Maroc nouveau».
Se positionnant comme une opposition constructive, le mouvement promet de proposer des alternatives pragmatiques sans verser dans une contestation systématique. «La confiance en la politique s’est érodée à cause de promesses illusoires et d’un attachement excessif à l’argent», regrette Ouzzine. Il appelle à rompre avec ce qu’il qualifie de «complot du silence» pour rétablir un dialogue sincère.
Sur le débat autour de la réforme de la Moudawana, le Bloc populaire prône un consensus équilibré, respectant les fondements religieux et culturels du Maroc tout en intégrant les aspirations modernistes. «Nous avons organisé des séminaires, consulté des experts et pris le pouls de la population», explique Ouzzine. Un mémorandum adressé à l’instance supervisant la réforme insiste sur l’importance de l’ijtihad pour traiter les questions familiales, tout en préservant les préceptes fondamentaux du Coran. En somme, rien de nouveau.