Le champ politique marocain serait-il en train de se reformater pour mieux répondre aux attentes de la population et accompagner le développement du pays? C’est du moins ce que laissent entendre les changements opérés au niveau des directions de plusieurs partis à l’issue de leurs congrès nationaux pour renouveler leurs instances dirigeantes.
En effet, depuis les élections législatives du 7 octobre 2016, ce vent du changement soufflait sur la scène politique. Le Rassemblement national des indépendants (RNI) a été le premier à faire une autocritique au lendemain du verdict des urnes, sanctionné par une démission de Salaheddine Mezouar et l’élection de Aziz Akhannouch à sa place pour «moderniser» le parti de la Colombe. Depuis lors, le parti fondé par Ahmed Osman en 1978 s’organise et paraît mieux s’enraciner.
Une année plus tard, le parti de l’Istiqlal (PI) lui emboîte le pas et élit Nizar Barak pour succéder à Hamid Chabat.
Vers la fin de l’année 2017, le Parti de la justice et du développement (PJD) ne déroge pas à la règle et porte aux commandes Saâd-Eddine El Othmani à la place de Abdelilah Benkirane.
Il y a quelques mois, le secrétaire général du Mouvement populaire (MP), Mohand Laenser a annoncé clairement qu’il ne briguera pas un nouveau mandat à la tête du parti.
Nabil lâchera-t-il le Livre?
Aujourd’hui, les projecteurs sont braqués sur le Parti du progrès et du socialisme (PPS) qui prépare son congrès national (les 11, 12 et 13 mai 2018).
A moins de deux mois de cette date, l’actuel secrétaire général, Mohamed Nabil Benabdallah, qui a été élu en 2010 et réélu en 2014, n’a pas encore annoncé son intention de partir ou de rester, alors que les statuts modifiés en 2016 lui permettent de briguer un nouveau mandat.
Néanmoins, la campagne est déjà lancée et touts les préparatifs du congrès ainsi que le choix des congressistes portent à croire que Si Nabil- comme l’appellent affectueusement les camarades qui croient encore en lui- restera à sa place.
Seulement, une question d’éthique politique est largement soulevée au sein du parti et ailleurs. Nabil a déjà fait l’objet d’un communiqué du cabinet royal en 2016, dénonçant son discours politique et son recours à des vocables qui nuisent à l’action politique. Une année plus tard, le même Nabil sera limogé par le roi sur la base d’un rapport d’une institution constitutionnelle (Cour des comptes). Et l’incident qu’il avait provoqué à Rome quand il était ambassadeur a refait surface.
Une gestion contestée
Tout cela a soulevé des débats au sein du PPS et plusieurs voix demandent clairement son départ. Mais, il ne veut pas lâcher le Livre. Personne au PPS ne connaît exactement l’effectif du comité central. Ce qui est grave dans la gestion d’un parti. Personne au PPS ne sait combien a coûté le nouveau siège du parti!
Pis encore, le PPS est le seul parti politique qui organise des conférences de presse dans des hôtels à Rabat alors qu’il dispose d’un siège hyper équipé dans la même ville. Histoire sans doute de ne pas attirer l’attention des représentants des médias et d'éviter qu'ils posent des questions sur l’origine des fonds ayant servi à la construction de l’édifice.
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«En plus, aujourd’hui des notables du parti octroient des sommes d’argent importantes en espèces (au noir), pour financer l’organisation du congrès, sans aucune trace sur les comptes bancaires du parti, alors que tout versement en guise de soutien financier au parti devait être effectué par virement au compte bancaire du parti», révèle un membre du Comté central sous couvert d’anonymat.
La transparence? Voilà ce qui préoccupe de nombreux militants. Cette opacité dans la gestion financière et administrative du parti vient aggraver celle de son alliance avec le Parti de justice et de développement (PJD). Ce qui fait croire que cette alliance n’a été scellée qu’à des fins d’opportunisme politique et de rente.
«Le parti de la Lampe s’en est servi de parechoc pour faire glisser ses messages, faire propager son idéologie, inonder l’administration par ses cadres et soigner son image politique par la couleur du progrès et l’épouvantail de l’intérêt général», ajoute ce militant PPS.
Joint par le360 qui souhaitait l'interroger sur un éventuel troisième mandat, Nabil Benabdallah nous a répondu: «Ne me posez plus cette question s'il vous plaît. Le 3e mandat n’est pas une question personnelle. C’est une décision collective».
Wait and see.