Les joutes verbales et les accusations entre majorité et opposition reprennent de plus belle en cette période de discussion du projet de loi de finances. Le dernier épisode en date est celui dont Driss Lachgar, tonitruant polémiste et leader du parti de la rose, a été le héros.En grand bandeau sur sa Une, Le quotidien Al Akhbar résume laconiquement les accusations portées par Driss Lachgar contre la majorité. «Lachgar qualifie les députés de la majorité de «pions» et de «mkhaznias du gouvernement»: tel est le titre choisi par la publication pour décrire le brouhaha qui a caractérisé la séance publique du parlement destinée à voter et à adopter la Loi de finances 2015. 174 élus de la majorité ont voté pour ce texte contre 87 voix qui l’ont rejeté.
Litige procéduralLa séance publique a été secouée de scènes houleuses après un différend procédural. Dès le début, l’opposition a refusé d’accorder la parole au gouvernement pour réagir aux interventions des députés. Il s’en est suivi tout un chassé-croisé juridique entre ténors de l’opposition et de la majorité. Finalement, Rachid Talbi Alami, se basant sur les précédents du Parlement, a donné la parole aux ministres pour discuter des budgets sectoriels. De même, le président de la chambre des représentants a brandi une lettre du gouvernement où il demande aux députés de réagir. Interprétant l’article 160 du règlement intérieur, Lahbib Choubani, ministre chargé des Relations avec le Parlement, a estimé que cet article requiert deux parties opposées. Finalement, le vote du projet a eu lieu et été adopté à une large majorité, ce qui a irrité Driss Lachgar, Secrétaire général de l’USFP. Celui-ci a en effet taxé les élus de la majorité de «pions» et de «mkhaznias au service du gouvernement», après que ces derniers sont intervenus pour défendre l’exécutif, bien représenté lors de cette séance. Une séance houleuse qui a également fait les grands titres d’Al Ahdath Al Maghribia.
Levée de la séance de voteLe journal précise que la décision de donner la parole au gouvernement a été prise après la levée de la séance et la réunion du président de la Chambre avec les chefs de groupes parlementaires. La solution retenue a été d’accorder 20 mn à Mohamed Boussaid, ministre de l’Economie et des Finances, pour parler au nom l’exécutif. Les accusations de Lachgar ont jeté de l’huile sur un feu que l’on croyait éteint en fin de séance. Une forte altercation a d’ailleurs eu lieu entre Lachgar et Abdelaziz Aftati, député du PJD. Abdallah Bouanou, chef du groupe du PJD, a qualifié les propos de Driss Lachgar d’irresponsables et indignes d’un député ou d’un président de groupe parlementaire. De son côté, le quotidien Ennass révèle que Lachgar, au cours de cette séance, a critiqué la récupération politique par le PJD de la mort d’Ahmed Zaïdi. Abdallah Bouanou a, quant à lui, réitéré sa demande de nommer la salle 9 du Parlement du nom du défunt pour commémorer un homme de dialogue et de communication qui a placé l’intérêt de la Nation au-dessus de son appartenance partisane.La sortie véhémente de Driss Lachgar dénote d’une certaine immaturité politique. Est-il besoin de rappeler que tout parlement est un ensemble où coexistent des voix dissonantes? Faire abstraction de cela équivaudrait à renier l’essence même de la démocratie parlementaire.