Cinq mois après la désignation de Benkirane comme chef de l'Exécutif, le Maroc est toujours sans (réel) gouvernement. Conséquence logique, l’institution parlementaire chôme. Au total, ils sont 515 parlementaires (des deux Chambres) à se tourner les pouces et à encaisser leurs salaires à la fin de chaque mois.
La seule parenthèse a eu lieu, fin janvier, quand les élus de la Nation s’étaient réunis pour adopter l’Acte constitutif de l’Union africaine.
Trois jours de travail, pas plus, avant de replonger dans l’oisiveté et, en février, clore une session d’automne quasiment blanche pour partir en vacances en attendant la reprise début avril, à l’occasion de la session printanière.
Mais si, d’ici-là, le gouvernement n’est toujours pas formé, députés et conseillers vont rentrer de vacances pour en prendre de nouvelles!
Car, en l’absence d’un Exécutif, l’appareil législatif sera toujours à l’arrêt.
Dès le début de la session d’automne, Abdelilah Benkirane a opposé une fin de non-recevoir à toutes les tentatives de le convoquer au Parlement, lui ou ses ministres sortants, pour répondre aux questions orales ou assister aux travaux en commissions.
Son argument? Un gouvernement qui gère les affaires courantes n’a pas à être contrôlé par l’appareil législatif. Plus que cela, aucune initiative législative n’a de chance d’aboutir. Pour tourner à plein régime, les commissions permanentes ont besoin de «matière première», soit des projets de loi à se mettre sous la dent et à examiner en présence des ministres.
De la même manière, les élus ne peuvent prendre l’initiative d’élaborer des propositions de loi faute de ministres à qui les adresser ou avec qui les examiner.
De toutes les manières, en cette deuxième semaine de mars, le Maroc ne dispose pas de Loi de Finances, l’un des textes qui suscitent le plus de débats à l’Hémicycle.
Formation et diplomatie parallèleLa Chambre des représentants a été obligée d’élire un président (Habib El Malki) et de se doter des autres structures (bureau et commissions). Mais cela ne suffit pas pour redonner vie à l’Hémicycle.
Un débat a fini par avoir lieu concernant les salaires perçus par des élus qui ne font rien. Le PAM a trouvé l’astuce (un coup de pub) en annonçant que ses députés allaient restituer leurs salaires à la Trésorerie générale.
D’autres partis aident leurs députés à «tuer le temps» avec des séminaires et diverses formations. Quant aux autres, ils ont déjà commencé à goûter aux délices des voyages tous frais payés dans le cadre de ce qu’ils appellent pompeusement la «diplomatie parallèle».
Mais le constat est toujours là. L’appareil législatif du Maroc est paralysé. Le Parlement est désert, exception faite de fonctionnaires qui s'y rendent pour faire acte de présence avant de vaquer à leurs affaires. Cette situation ne peut durer davantage sans causer du tort aux intérêts des citoyens et décrédibiliser les élus dans leurs circonscriptions respectives. Sans parler de l’image du pays que chaque jour sans gouvernement ternit davantage!