La course au secrétariat général du PAM est lancée. Toutes les occasions sont bonnes pour une démonstration de force. Ainsi, ce qui devait être une conférence à caractère intellectuel s’est transformé en meeting électoral. Cela s’est passé samedi dernier à Casablanca, dans le quartier de Sidi Bernoussi. Le secrétaire général, deux de ses anciens prédécesseurs, signataires de «l’appel à la responsabilité», ainsi que certains cadres du parti, étaient présents. Tous les éléments étaient là pour réussir cette conférence sur «les transformations sociétales», sauf le public adéquat.
Ainsi, comme le rapporte le quotidien Al Akhbar dans sa livraison du lundi 13 mai, l’assistance était formée principalement d’un genre de public auquel on fait appel lors des campagnes électorales. Une assistance principalement féminine venue en masse, comme c’est le cas habituellement lors des meetings organisés par les notables et les élites électorales. Aussi, le secrétaire général sortant, Hakim Benchammach, n’a trouvé d’autre remède à la situation que de mettre de côté son intervention, soigneusement préparée pour l’occasion, pour improviser un discours axé essentiellement sur le danger de l’islam politique sur la société marocaine et la nécessité de combattre le PJD.
Les deux anciens secrétaires généraux, Hassan Benadi et Mohamed Cheikh Biadillah, se sont contentés, eux, de faire une brève intervention, sans entrer dans le vif du sujet, devant une assistance formée principalement de femmes. Quant au public, souligne le journal, certaines femmes «se demandaient tout bonnement ce qu’elles faisaient là», d’autres s’enquéraient de la date de la remise des subventions alimentaires distribuées pendant le mois de ramadan. Ce que le député de cette circonscription, Ahmed Brija, a tenu à réfuter, insistant dans son intervention sur le fait que l’assistance, de vrais militants du parti, s’est déplacée de son propre chef et n’est nullement attirée par un quelconque «panier du ramadan».
Dans son discours improvisé, le secrétaire général a justement fait allusion, note le journal, à ce type de citoyens qui ne sont plus intéressés par la politique. «80% des citoyens marocains ne font plus confiance à la politique. C’est un chiffre à la fois étonnant et effarant», a-t-il notamment souligné. Citant quelques chiffres déjà publiés par le HCP, Hakim Benchammach a relevé que la base des jeunes et des personnes âgées qui ne bénéficient d’aucune protection sociale ne cesse de s’élargir. En même temps, la société marocaine connaît des transformations inquiétantes. Et tout cela se passe dans un environnement régional instable.
Bien sûr, Hakim Benchammach n’a pas manqué de critiquer la politique du gouvernement, évoquant la «paresse» du PJD et l’incapacité de l’Exécutif à mener à terme des projets initiés par le roi. Notons que le PAM traverse actuellement une situation de crise. Un comité préparatoire du prochain congrès attendu dans quelques mois a été mis en place récemment et certains dirigeants ont déjà entamé leur campagne pour la course à la direction du parti.