Alors que le délai de trois mois accordé par le souverain à l’Exécutif pour présenter sa proposition pour un nouveau modèle économique touche à sa fin, Saâd-Eddine El Othmani, chef du gouvernement, semble être dans une situation délicate. Et pour cause. Au sein même de sa majorité gouvernementale, le projet qu’a préparé son équipe ne trouve pas de soutien.En effet, rapporte Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du vendredi 1er février, le chef de l’Exécutif peine à obtenir le soutien des chefs des partis de la majorité, et encore moins celui de ses propres ministres.
A en croire la même source, tout a commencé lorsque Saâd-Eddine El Othmani a rassemblé ses ministres, lors d’une réunion tenue en dehors du traditionnel Conseil de gouvernement. L’objectif était de leur présenter sa vision du nouveau modèle économique du royaume, avant de le soumettre au cabinet royal. Mais quelle ne fut la surprise des ministres de découvrir que la version qui leur a été présentée incluait des rapports annexes au rapport principal contenant une vision stratégique pour chaque secteur gouvernemental. Or, aucun d’eux n’a, semble-t-il, été impliqué dans l’élaboration du rapport concernant le périmètre dont ils assurent la tutelle. A l’exception des ministres du PJD, parti auquel appartient le chef du gouvernement, et ceux de son traditionnel allié, le PPE, les ministres de l’ensemble des autres partis de la majorité ont fait savoir à Saâd-Eddine El Othmani leur mécontentement, mettant un terme à cette réunion qui était pourtant censée les rallier à la cause défendue par le chef de l’Exécutif.
Et l’affaire, ajoute Al Ahdath Al Maghribia, ne s’arrête pas là, puisque certains des ministres ont clairement accusé le chef du gouvernement de tenter de leur imposer la vision de son parti, le PJD, concernant ce que doit être le nouveau modèle économique du royaume. Pire, non seulement ils ont fait preuve d’un refus collectif de ce modèle, mais ils ont également saisi les chefs des partis auxquels ils appartiennent et qui participent à la coalition gouvernementale. Ces derniers n’ont alors pas hésité à protester auprès du chef du gouvernement qu’ils accusent de vouloir leur imposer un projet dans lequel ils n’ont pas du tout été impliqués.
Le quotidien ne manque pas de voir dans ce blocage auquel fait face El Othmani les prémices d'une grave crise au sein de la majorité. Une crise qui tombe mal, vu qu’elle intervient quelques heures avant l’expiration du délai imparti à l’Exécutif pour soumettre sa proposition d’un nouveau modèle économique.