La loi de l’amnistie, des exonérations, des contentements et des exceptions. C’est ainsi que Nizar Baraka, patron de l’Istiqlal, la deuxième force politique de l’opposition, a qualifié la loi de Finances qui vient d’être promulguée, après son adoption par le Parlement. La loi budgétaire de 2020 a été faite sur mesure pour profiter à certains catégories et a surtout bénéficié à ceux qui s’adonnent à la fraude fiscale et au blanchiment d’argent, a notamment affirmé le secrétaire général de l’Istiqlal devant le comité central du parti, rapporte le quotidien Al Akhbar dans sa livraison du lundi 16 décembre.
Lors de cette réunion, samedi, du comité central qui a planché, dans cette édition, sur les problématiques du secteur de la santé, le secrétaire général est revenu sur les coulisses de l’adoption du PLF 2020, et plus particulièrement le fameux article 9. Lequel article a d’ailleurs été voté par le parti, aussi bien en commission que lors de la séance plénière à la première Chambre. Ce dont se défend aujourd’hui Nizar Baraka. Selon lui, le groupe parlementaire de l’Istiqlal n’a, en réalité, pas voté l’article 9, mais a plutôt validé les orientations générales du projet de loi dans sa globalité, selon un accord conclu avec le reste des groupes.
Pour preuve, le secrétaire général avance que son parti n’a pas voté cet article à la deuxième Chambre, car l’accord en question n’engage que les députés du parti et non ses conseillers. Bien plus, le chef de file de l’Istiqlal assure que, contrairement à ce qui a été avancé, cet article a été intégré au PLF pour éviter la saisie des comptes de certaines communes et autres collectivités locales. Les comptes des communes devraient, en effet, faire face, l’année prochaine, à une ponction de l’ordre d’un milliard de dirhams sur leurs budgets. Globalement, poursuit-il, les jugements prononcés contre certaines communes atteignent les 30 milliards de dirhams et, à défaut de les exécuter, il sera procédé à la saisie du matériel à leur disposition, y compris les ambulances et les camions de collecte d'ordures.
Par ailleurs, s’attaquant de front au gouvernement, le patron de l’Istiqlal assure que ce dernier n’a pas tiré les leçons qu’il faut des événements sociaux d’Al Hoceima et de Jerada. Pire encore, souligne Nizar Baraka, cité par Al Akhbar, «le gouvernement est devenu en lui-même un problème. Il est aujourd’hui décomposé, formant plusieurs îlots et réserves montés les uns contre les autres. Et la fragilité de l’institution du chef du gouvernement n’arrange rien ». Le PLF qui vient d’être adopté, relève-t-il, n’est que l’expression manifeste de cette situation.
D’après Nizar Baraka, nous attendons toujours les mesures concrètes et immédiates que le gouvernement remanié devait entreprendre pour restaurer la confiance et limiter les effets de la crise. Au lieu de cela, regrette-t-il, l’économie nationale et toujours en récession et l’investissement est gelé. Le chômage progresse, poursuit-il, au même titre que la migration des compétences. Bref, la situation est toujours aussi tendue. «Autant dire que le gouvernement n’a rien appris des événements d’Al Hoceima et de Jerada ».