Mardi 15 juillet, Rabat a accueilli un visiteur inattendu, mais ô combien symbolique: l’ancien président sud-africain Jacob Zuma, aujourd’hui à la tête du parti uMkhonto we Sizwe (MK), devenu la troisième force politique en Afrique du Sud. «Bien plus qu’une simple visite de courtoisie, ce déplacement s’inscrit dans une dynamique diplomatique porteuse d’espoir pour le Maroc», indique le magazine Jeune Afrique, celui d’un rééquilibrage de la position sud-africaine sur le dossier du Sahara.
«Dès son arrivée, Jacob Zuma a été reçu par le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita. L’entretien, long et en tête-à-tête, témoigne de l’importance stratégique que Rabat accorde à cette rencontre», lit-on. À l’issue de leurs échanges, l’ancien chef d’État sud-africain s’est exprimé devant la presse, aux côtés de Magasela Mzobe, président de la commission des relations internationales du MK. Les mots choisis parlent d’eux-mêmes.
Dans sa prise de parole, Jacob Zuma a tenu à rappeler la profondeur des liens historiques entre Rabat et la lutte pour la liberté en Afrique australe. «Nous sommes ici, dans un pays qui a été à nos côtés pendant des années. Aujourd’hui, je reviens avec un mouvement politique porteur de renouveau, convaincu qu’il est temps de rediscuter ensemble de l’avenir de notre continent», a-t-il déclaré.
Une déclaration forte, qui réactive la mémoire des soutiens décisifs apportés par le Maroc aux mouvements de libération africains. Du soutien à Nelson Mandela contre l’apartheid aux sessions de formation organisées à Oujda dès 1962, l’histoire commune rappelle que Rabat a toujours été du bon côté de l’Histoire.
Mais au-delà de la mémoire, relève Jeune Afrique, c’est bien la vision d’avenir qui retient l’attention. Le MK a exposé, par la voix de Magasela Mzobe, un positionnement sans ambiguïté. «Le temps est venu d’une approche équilibrée. La proposition marocaine d’autonomie offre une gouvernance locale significative aux populations sahraouies tout en garantissant la souveraineté du Royaume. Cette vision correspond à notre engagement pour l’unité et l’intégrité des États africains», a-t-il affirmé.
Un message limpide, qui marque un virage majeur à Pretoria, où l’ANC campe depuis 2004 sur une position figée, alignée sur les thèses séparatistes du Polisario. Face à cette ligne doctrinaire, le MK de Jacob Zuma se pose désormais en force d’alternative, assumant un repositionnement qu’il qualifie lui-même de «pragmatique» et surtout plus adapté aux réalités géopolitiques actuelles.
Dans un document politique publié en juin dernier, le parti a d’ailleurs clarifié sa position. Il appelle officiellement la communauté internationale à soutenir le plan marocain comme la seule solution crédible, réaliste et durable, capable de garantir la paix et la stabilité dans la région sahélo-saharienne.
À Rabat, cette visite est perçue comme bien plus qu’un simple signal. Elle incarne la possibilité d’un rééquilibrage diplomatique, peut-être même le premier jalon d’un rapprochement entre deux acteurs africains majeurs restés trop longtemps éloignés. Après deux décennies de relations distantes, le Maroc tend la main à l’Afrique du Sud, convaincu qu’une Afrique unie, affranchie des dogmes idéologiques hérités de la guerre froide, est une Afrique plus forte.
«La démarche de Jacob Zuma, soutenue par une partie de l’opinion publique sud-africaine lassée des positions figées de l’ANC, pourrait ouvrir la voie à un dialogue renouvelé, plus conforme aux défis économiques, sécuritaires et climatiques qui imposent aujourd’hui plus de coopération que de division», écrit Jeune Afrique.
En accueillant l’ancien président sud-africain avec tous les égards dus à son rang, le Maroc réaffirme son engagement pour une diplomatie de l’ouverture, du dialogue et du respect mutuel. Une démarche qui, au-delà du dossier du Sahara, traduit la volonté du Royaume de consolider son rôle de trait d’union entre l’Afrique du Nord, l’Afrique subsaharienne et le reste du continent.








