Il faut croire que Le Nouvel Obs a eu bien raison de changer de dénomination pour devenir L’Obs, tout court. Car effectivement, il ne se renouvelle plus. L’illustration n’en est autre que le numéro de cette semaine qui consacre tout un dossier à Abdellatif Hammouchi, tout fraîchement nommé par le roi Mohammed VI patron de la Direction générale de la Sûreté Nationale, tout en conservant son poste à la tête de la Surveillance du territoire (DGST). Pour titrer, les éditeurs de L’Obs ont eu recours à une formule vieille de plus d’un quart de siècle: «Notre ami, l’espion du roi». Côté créativité, il faudra donc repasser!
Pis encore, le dossier qui court sur cinq pages n’est même pas un portrait du désormais premier sécuritaire du royaume. Les journalistes de L’Obs ont juste trempé leur plus belle plume dans le marronnier habituel: les récits abracadabrants du trio Moumni, Naïm et Lamtalsi, victimes présumées de torture par les services d’Abdellatif Hammouchi. Pourtant, ce trio n’est plus à présenter ni à l’opinion publique marocaine, ni française. Zakaria Moumni est juste un maître-chanteur qui a voulu extorquer 5 millions d’euros au régime marocain, allant même jusqu’à menacer le ministre de l’Intérieur de l’époque. Mostafa Naïm est un trafiquant de drogue, arrêté à Mohammedia le 10 novembre 2010, en compagnie de son oncle et complice Mohamed Hamsani, avec 9,5 kgs de chira. Enfin, Adil Lamtalsi n’est ni plus ni moins qu’un trafiquant de drogue qui avait même été arrêté par la police espagnole.
C’est donc les affabulations de ce trio de choc que nous sert, à chaque fois, la presse de l’Hexagone pour présenter le royaume sous l’image d’une dictature où une police secrète torture tout ce qui bouge. Et elles tombent facilement dans le piège de prendre ces affabulations à leur compte.
Les raisons de la fixationDans le collimateur de certains médias français, la nouvelle convention d’entraide judiciaire entre le Maroc et la France qui est en cours d’adoption définitive et qu’un collectif d’ONG, au parti pris férocement hostile au royaume, a décidé de torpiller, on ne sait dans quel objectif. L’Obs réserve tout un encadré aux amendements qu’apportera cette nouvelle convention. Bien évidemment, pour en dire tout le mal qu’en pensent certains magistrats français. Force est de constater que de voir le royaume revendiquer sa souveraineté judiciaire enrage certains milieux parisiens qui ne veulent pas se résigner au fait que l’ère de considérer le royaume comme une colonie est bien révolue.
Dans ce dossier, l’Obs revient (réchauffe plutôt) sur les raisons de la crise, désormais dépassée, entre le Maroc et la France. Nous avons droit à une rétrospective de dix-huit mois, allant du débarquement manu militari d’une escouade de flics parés de gilets pare-balles dans la résidence de l’ambassadeur du Maroc en France, passant par le rappel de la fouille humiliante subie par le ministre des Affaires étrangères, Mezouar, à l’aéroport CDG, remettant même au goût du jour cette citation attribuée à l’ancien ambassadeur de France à l’ONU qui compare le Maroc à "une maîtresse avec qui on couche toutes les nuits sans l’aimer". Tout cela est lu et relu, rabâché, mais les deux signataires de l'article n’en ont cure : ils veulent leur dossier.
Autre pratique pour le moins surprenante. Les auteurs de l’article commencent par donner la version des faits tels que rapportés par Lamtalsi, qui, à cette occasion, s’est défait de son tchamir afghan et est passé chez un barbier pour se débarrasser de sa barbe trop patentée islamiste. Les journalistes commencent par attribuer les faits relatés dans son article à Lamtalsi. Puis, ils opèrent un glissement pour les narrer comme des épisodes véridiques sans même faire semblant d’utiliser les précautions d’usage. Tout cela, à seule fin de créditer les allégations de Lamtalsi et de chercher par tous les moyens à porter atteinte à l’image de Abdellatif Hammouchi et à l’Institution qu’il dirige.
Les préjugés tenacesAujourd’hui, il est de plus en plus manifeste que certains médias et militants des Droits de l’Homme ont une image préconçue du Maroc. Par paresse, malveillance, entêtement ou tout cela à la fois, ils ne veulent pas faire l’effort de regarder le Maroc tel qu’il est, mais tel qu’ils le conçoivent, tel qu’ils se l’ont toujours représenté. Pire : ils veulent à tout prix conformer le royaume à l’image qu’il s’en font, quand bien même cette image serait surannée, dépassée ou erronée. Il y a toujours une violence quand on veut immobiliser un pays dans le cadre qu’on lui a tracé. Cela a des relents de supériorité exercée sur celui qu’on veut maintenir dans l’image qu’on a de lui. Le Maroc des bagnes de Hassan II n’existe plus. Abdellatif Hammouchi est un sécuritaire compétent, un réformateur. La preuve; il a la confiance du souverain et des Marocains qui n’accordent aucun crédit aux balivernes de trois repris de justice qui servent des histoires à dormir debout à une presse complaisante et nostalgique du Maroc des années de plomb.