«Nos relations avec le Maroc se sont très franchement dégradées». Le diagnostic est sans appel et il a été établi ce mardi 13 janvier, dans une interview au quotidien Le Figaro, par Claude Guéant, ancien ministre de l’Intérieur sous Nicolas Sarkozy. En affirmant que la France avait «traditionnellement de très bonnes relations d’échange de renseignements et d’analyses communes avec le Maroc », l’ancien patron de la police s’est désolé que ces relations avec « notre principal allié marocain » se soient détériorées depuis février 2014. Sans faire dans la dentelle, l’ancien titulaire du portefeuille de l’Intérieur a pointé du doigt «un certain nombre de maladresses» commises sous le mandat du président socialiste François Hollande en en voulant pour exemple (et preuve) «l’interpellation, à la résidence de l’ambassadeur du Maroc en France, du patron du contre-espionnage marocain» et «l’interpellation du ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Salaheddine Mezouar, à l’aéroport Roissy Charles de Gaule». «Mezouar vient de donner au magazine Jeune Afrique une interview cinglante sur les relations avec la France alors que, traditionnellement, nous avions les meilleures relations avec le Maroc», relève l’ancien ministre UMP de l’Intérieur.
La sortie de Claude Guéant fait suite à l’appel d’air lancé par le nouveau chef de l’UMP, hier lundi 12 janvier, lors des Matinales de la RTL, pour «le renforcement des liens entre les services de renseignements intérieurs français, notamment avec le Maroc». Cet appel, signé Nicolas Sarkozy, ex-président français, intervient au lendemain d’une précédente sortie, le jour de l’attentat contre le journal Charlie Hebdo, mercredi 7 janvier, de Charles Pasqua. L’ancien ministre de l’Intérieur avait dit ignorer les raisons pour lesquelles les relations de la France avec le Maroc sont restées « distendues » depuis février 2014.
Des voix sages au sein du PS entrent en ligne
Au-delà de l’UMP, chef de file de l’opposition en France, des personnalités socialistes s’élèvent aussi pour faire entendre raison. Parmi ces personnalités, figure l’ancien ministre des Affaires étrangères, Hubert Védrine. Invité sur le plateau de France 2, suite à la marche de Paris contre le terrorisme, dimanche 11 janvier, a fait valoir que le Maroc était bel et bien présent ce jour-là à l’Elysée pour présenter ses condoléances au président François Hollande et, à travers lui, à tout le peuple français. Interrogé sur la non-participation du Maroc à la manifestation dominicale du 11 janvier, l’ancien chef de la diplomatie française sous Lionel Jospin a précisé que «le royaume n’y avait pas participé du fait des panneaux représentant des caricatures du Prophète». «Il est difficile pour le monde musulman d’y assister en présence des caricatures», a expliqué ce vieux routier du Parti socialiste français, tordant ainsi le cou à toutes les surenchères médiatico-politiciennes sur cette absence présumée du Maroc. En effet, le Roi, en tant que Commandeur des croyants, descendant du Prophète Mohammed, ne pouvait cautionner la présence à cette marche de ces caricatures blasphématoires.