Malgré les appels lancés, depuis les attentats contre Charlie Hebdo, pour le rétablissement des relations entre le Maroc et la France, «la crise diplomatique n’est toujours pas apaisée», constate Le Figaro dans son édition de mercredi 21 janvier. Le quotidien français en veut pour preuve «le report à une date ultérieure» de la rencontre, prévue pour vendredi 23 janvier à Paris, entre le ministre des Affaires étrangères Salaheddine Mezouar et son homologue français Laurent Fabius. «Cette visite devait permettre de renouer un dialogue de haut niveau pour sortir de près d’un an de gel de la coopération judiciaire et sécuritaire entre les deux pays qui sont pourtant alliés dans la lutte contre le terrorisme et liés traditionnellement par de fortes relations d’amitié», explique le principal quotidien de droite française, en rappelant que «Paris et Rabat sont en froid depuis la convocation, délivrée en février 2014 par un magistrat parisien dans le cadre d’une affaire de torture présumée au Maroc, du chef des services de contre-espionnage marocain, Abdellatif Hammouchi». Une affaire qui, faut-il le répéter encore une fois, avait été montée de toutes pièces par des franco-marocains au casier judiciaire noirci de délits de droit commun, dont Zakaria Moumni, sous le coup actuellement d’un mandat d’amener émis par le tribunal de première instance de Rabat pour «injures envers les autorités marocaines».
Rencontre Mezouar-Fabius, les raisons d’un report
L’annonce par Rabat de la visite de Mezouar en France avait délié les langues au point de prétendre que l’objectif en était de demander à Paris une «immunité judiciaire» pour les hauts responsables marocains. «Le Maroc n’a jamais demandé une quelconque immunité à ses officiels. Prétendre le contraire est un pur mensonge et un fait irresponsable. Ceux qui distillent ce genre d’insanités veulent en fait polluer la visite annoncée du ministre des Affaires étrangères marocain à Paris», a réagi avec la plus grande fermeté l’ambassade du Maroc en France, dans un communiqué, relayé par Le Figaro. «Ils cherchent à biaiser la négociation en cours entre un Maroc qui cherche à protéger des officiels coupables et une France attachée à l’application du droit et à l’indépendance de la justice», a dénoncé l’ambassade marocaine. «Dès le départ, le Maroc a demandé que sa justice soit respectée et a rejeté toute tutelle judiciaire. C’est dans cet esprit que les discussions sur l’amendement de la convention d’entraide judiciaire ont été entamées», a rappelé la source diplomatique marocaine. A juste titre d’ailleurs, puisque la volonté de Rabat, toujours selon Le Figaro, est «d’éviter que se reproduise l’incident à l’origine de la brouille». En d’autres termes, traiter le mal à la racine.