Jorge Dezcallar a fini par prendre de court tout le ghota politique du royaume d’Espagne. L’ex-patron du CNI, services secrets espagnols, vient de publier en Espagne ses mémoires sous le titre «Valo la pena» («Ça valait la peine», éditions Peninsula). Un brûlot qui revient sur les relations très tendues entre le gouvernement Aznar (Premier ministre de la droite espagnole entre 1997 et 2004) et les services secrets, à l’époque où Dezcallar était à la tête du CNI.
Dans son édition de ce mercredi 7 octobre, le quotidien Al Massae explique que l’auteur du livre a consacré tout un chapitre aux relations entre Rabat et Madrid, sachant que Dezcallar a occupé, à la fin des années 1990, le poste d’ambassadeur de la couronne espagnole à Rabat. Et le quotidien d'ajouter que c’est la première fois que Dezcallar livre des informations très sensibles sur son travail à la tête du CNI, notamment au sujet de l’attentat du train qui avait eu lieu en 2004, à Madrid. Attentat qui avait fait 191 morts et dont les auteurs étaient d’origine marocaine.
Jorge Dezcallar confie, par exemple, que le Premier ministre Aznar l’avait contraint à déclarer publiquement que l’ETA était derrière l’attentat de Madrid. Acculé, Dezcallar avait donc publié un communiqué pointant du doigt l’organisation basque ETA. Mais, quelques heures plus tard, lorsque les services espagnols découvriront que des organisations jihadistes étaient bel et bien derrière cet attentat, il était déjà trop tard pour Dezcallar et ses hommes : le CNI était dans l’impasse et sa réputation était désormais entachée par les manipulations d’Aznar. Ainsi, le CNI sera tout simplement écarté de l’enquête sur l’attentat de Madrid, rapporte Al Massae en se référant aux mémoires de l’ancien patron des services secrets de la couronne espagnole.
Nul doute que cette autobiographie ne manquera de faire du bruit.