La marche décidée par les trois centrales syndicales, l'UMT, la CDT et la FDT, est annoncée par plusieurs quotidiens dans leurs livraisons de ce week-end, chacun selon les convictions qui lui sont propres. Al Ittihad Al Ichtiraki, journal proche de la FDT et de la CDT, sort avec un gros titre en Une : "Benkirane face au plus grand mouvement de protestation de l'histoire de son gouvernement". Dans les pages internes, le communiqué syndical et un article qui donne la parole au SG du syndicat des phosphatiers déclarant que la marche n'est que le résultat du gel du dialogue social, de la répression des libertés syndicales, et notamment du droit à la grève.
Al Ahdath Al Maghribiya écrit pour sa part que la marche de contestation attisera davantage les tensions entre les syndicats et le gouvernement Benkirane. Le journal se base sur les déclarations de Mustapha El Khalfi, ministre PJDiste de la Communication et porte-parole du gouvernement, qui a déclaré récemment que la marche a un caractère politique et que le gouvernement a traité le mémorandum soumis par les syndicats de manière claire et responsable. Des propos démentis par Miloudi Moukharik, SG de l'UMT, qui a nié toute politisation de la marche. Signalons au passage que sur les pages du journal proche du PJD, Attajdid, il n'a y a aucune mention de la marche. Black-out.
Chabat ne marchera pas
Al Akhbar, de son côté, rapporte que l'UGTM a renoncé à la participation à "la marche de la colère". Hamid Chabat, SG, du syndicat de l'Istiqlal a déclaré, selon le quotidien, que sa centrale ne marchera par car le chef du gouvernement a fini par donner suite au cahier revendicatif de la classe ouvrière. Le 15 avril, ajoute Chabat, rendez-vous est pris pour la reprise du dialogue social. Al Alam, journal de l'Istiqlal, a néanmoins annoncé en haut de sa Une et en gros caractères rouges que "la marche ouvrière de la colère va mobiliser des foules immenses".
La marche nationale du 6 avril, est un grand test pour Abdelilah Benkirane et son gouvernement, comme pour les syndicats. Un point est déjà à l'actif de Benkirane, avec le rendez-vous du 15 avril pour relancer le dialogue social. Le retrait de Chabat est également un atout pour le gouvernement. Dimanche, chacun saura si ces deux développements n'ont pas sapé le moral des bases et mis à bas la force de mobilisation des syndicats.