Fut un temps où Alger tentait d’"écarter", au nom d’un improbable "leadership" régional, le Maroc de la lutte antiterroriste sous prétexte que le royaume ne faisait pas partie de la région sahélo-saharienne. Acculée, elle se rend aujourd’hui à l’évidence: le rôle des services marocains est non seulement important mais incontournable. C’est du moins ce que laisse entendre cette annonce médiatique de la reprise de la coopération sécuritaire entre Alger et Rabat. «Coopération sécuritaire: le Maroc et l’Algérie reprennent langue», annonce ainsi Al Massae, dans son édition de ce mercredi 4 février. «Les dangers croissants que font planer les cellules de recrutement à la frontière commune entre le Maroc et l’Algérie, la situation échappant à tout contrôle en Libye et les menaces en provenance de la Tunisie ont poussé autant le Maroc que l’Algérie à reprendre leur coordination sécuritaire à travers l’échange de renseignements sur le mouvement des Daachiens dans la région», estime le quotidien.
Evoquant des sources médiatiques algériennes, sans les nommer, Al Massae indique que «l’accroissement des menaces que fait miroiter Daach et son intention d’implanter des cellules terroristes en Afrique du Nord, à l’échelle du Maghreb arabe et de la région sahélo saharienne, a incité les deux pays à reprendre leurs rencontres, à raison d’une fois par mois».Voilà pour l'info. Maintenant, il paraît qu'il va falloir en penser quelque chose. Or, question: S’il est vrai que le terrorisme n’a pas de frontières, à qui profiterait réellement cette «reprise de langue» ?
Presse algéroise, l’intox encore et toujours
«Les services marocains sont très intéressés, selon nos sources, par les investigations algériennes ciblant des sujets du royaume actifs dans Aqmi», prétend Al Watan, qu’on ne vous présente plus. Connaissant parfaitement «les sources» d’Al Watan, comme celles de la majorité de la presse algéroise, l'on ne peut que saluer la prouesse de nos confrères passés maîtres dans le registre de l’amalgame et de l’approximation. Mais passons, car il y a une question simplement géographique mais à laquelle nos confrères n’ont pas pu répondre: quel pays possède des frontières communes avec la Libye, la Tunisie, ou plus encore le Niger et le Mali ? Et comme une question devrait en appeler d'autres, pourquoi Alger claironnait-elle sur tous les toits être aux commandes de ce légendaire axe Alger-Bamako-Niamey, en essayant de le «vendre» comme le fer de lance de la lutte antiterroriste dans la région sahélo-saharienne? Pourquoi alors ce retour vers le Maroc, aujourd’hui?
Remarquez qu’on pourrait allonger à l’infini les contresens et les incohérences du voisin de l’Est, mais passons. Car le fameux DRS algérien découvre, comme nous l’apprennent ses porte-voix médiatiques, que les services marocains pourraient l’aider à «approfondir les enquêtes sur les réseaux de financements et le recrutement de terroristes en Europe». Rien que «ça»? En Europe, et seulement en Europe? Et dire qu’Alger, -terrain de jeu privilégié pour des organisations terroristes de tous bords, dont le présumé «Etat islamique» en Irak et en Syrie, qui a démonétisé la marque Al-Qaïda, dont le QG a été décentré des grottes de Kandahar en Afghanistan vers le désert algérien-, est aujourd’hui un îlot de paix et de prospérité!