Lois électorales: vers un arsenal législatif taillé sur mesure pour 2026 ?

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Revue de presseLes dirigeants des partis politiques multiplient les propositions en perspective des prochaines concertations sur les lois électorales. Mode de scrutin, liste nationale, découpage électoral… Les partis veulent redéfinir les règles de jeu des législatives de 2026 et des élections locales, régionales et professionnelles de l’année suivante. Une revue de presse tirée du quotidien Assabah.

Le 29/06/2025 à 20h29

Le mandat du gouvernement de Aziz Akhannouch prend fin en 2026, ouvrant la voie à de nouvelles élections législatives. Les leaders des partis de la majorité se disputent la présidence du futur gouvernement, tandis qu’en 2027 se tiendront les élections des conseils locaux (communes, provinces, préfectures et régions).

Ces élections locales, écrit le quotidien Assabah dans sa livraison du lundi 30 juin, devrait être accompagnée d’une nécessaire cure d’amaigrissement du corps élu. «Le nombre des élus locaux doit passer de 32.000 à 15.000 pour assurer une gestion fluide des affaires locales et régionales, et éviter la balkanisation électorale», souligne le quotidien.

La balkanisation a, en effet, contribué jusque-là à «une mauvaise gestion des conseils territoriaux, où plus de 10 partis peuvent remporter des sièges dans une même circonscription pour gérer une commune avec un budget d’un million de dirhams».

D’après le quotidien, cette situation impose «une réforme majeure du mode de scrutin, basée sur la démographie, les compétences locales, la formation des ressources humaines, et la disponibilité des infrastructures (bassin hydraulique, autoroute, universités, hôpitaux, cliniques privées, lieux de divertissement)».

Cela nécessite également, poursuit Assabah, «une révision du découpage territorial et des lois régissant les Chambres professionnelles, ainsi qu’une modification des lois sur les élections des travailleurs à travers l’adoption d’une loi sur les syndicats, et une loi sur la représentativité des employeurs dans le sens d’élargir leur collège électoral».

C’est qu’aujourd’hui, relève le quotidien, le Maroc «n’a plus besoin de partis qui se contentent d’enrichir certains de leurs leaders en profitant d’une gestion chaotique des présidents de conseils élus». Or, semble-t-il, les partis de la majorité «n’ont montré aucun intérêt pour la réforme des lois électorales», constate le quotidien.

Ainsi, certains de leurs leaders, notamment du PAM et de l’Istiqlal, se concentrent sur une victoire électorale en 2026 pour la présidence du gouvernement. Cela au moment où le RNI «insiste sur la continuité du travail gouvernemental dans son ensemble, la défense du bilan des ministres quel que soit leur parti, et l’accélération des chantiers en cours dont la finalisation devrait coïncider avec l’organisation par le Maroc de la Coupe d’Afrique des Nations en 2025 et de la Coupe du Monde en 2030», affirme Assabah.

Quant aux partis de l’opposition, leurs préoccupations sont tout autres. Driss Lachguar, premier secrétaire de l’USFP, a ainsi mis en garde contre «la reproduction d’un scénario de préparation sous pression des lois électorales, favorisant des pratiques nuisibles comme l’achat de consciences», note le quotidien. Une position partagée par Nabil Benabdellah, secrétaire général du PPS, qui «a alerté sur l’exploitation des actions caritatives dans les prochaines élections, appelant à une séparation claire entre les deux», poursuit Assabah.

Concrètement, Driss Lachguar a exhorté le ministère de l’Intérieur à entamer les discussions sur les lois électorales et, dans une démarche inédite, à supprimer le système de liste, qu’il avait pourtant défendu depuis 1998. Et ce, pour prévenir la corruption électorale, en le remplaçant par le scrutin uninominal pour valoriser les militants et leur proximité avec les électeurs. L’USFP n’est pas le seul à défendre cette option. En effet, note le quotidien, 24 partis ont réclamé la suppression du système de liste au profit du scrutin individuel. Ce qui n’est pas de l’avis des citoyens et des organisations des droits de l’Homme qui «craignent que cela ne transforme les élections en un marché d’achat de voix, où un candidat pourrait facilement corrompre des électeurs avec 200 dirhams et des promesses fallacieuses».

Par ailleurs, la suppression de la liste réservée aux femmes et aux jeunes, proches des leaders des partis, a ravivé, à son tour, l’idée, défendue par certains partis, d’une liste des cadres. Cette liste, «composée de 131 membres (un tiers de la Chambre des représentants), garantirait un équilibre politique avec les autres élus et rehausserait la qualité du débat public au Parlement», assure le quotidien.

Pour revenir aux principales formations de l’opposition, Mohamed Ouzzine, secrétaire général du MP, et certains leaders du PJD, ont appelé le ministère de l’Intérieur à «combattre toutes les formes de fraude électorale et à limiter l’utilisation des moyens des conseils territoriaux dans les campagnes électorales».

Comme mentionné plus haut, l’USFP a appelé le ministère de l’Intérieur à modifier le mode de scrutin, passant du système de liste au scrutin uninominal pour mettre fin à la domination des «têtes des listes» et de ce qu’il qualifie de «détenteurs des sacs d’argent». Le parti a ainsi plaidé pour un retour au scrutin individuel pour les conseils territoriaux qui ne sont pas gérés selon le régime des arrondissements, afin de préserver l’unité des villes et d’assurer la représentativité des femmes. Cette proposition a surpris certains observateurs, car le scrutin uninominal était autrefois rejeté par les Ittihadis eux-mêmes, ce qui a été perçu comme une contradiction dans la vision du leader socialiste pour les prochaines élections.

Pour défendre ce nouveau revirement, Driss Lachguar soutient que le système de liste a épuisé ses objectifs. Le chef de file de l’USFP a néanmoins nuancé sa proposition, suggérant la possibilité de combiner les deux modes de scrutin selon la situation de chaque institution locale.

Par Amyne Asmlal
Le 29/06/2025 à 20h29