Première sortie de celui que les Algériens affublaient jusqu’à son départ en ce tonitruant 13 septembre courant du surnom d’«homme-fantôme». Mohamed Lamine Mediene, puisque c’est de lui qu’il s’agit, sort de son silence et fait une première «confidence» savamment «fuitée» vers la presse et qui risque de faire vaciller les colonnes du Palais présidentiel El Mouradia, à Alger.
«C’est moi qui ai choisi de partir», a précisé l’ex-patron du Département du renseignement et de la sécurité, DRS, dans une première révélation rapportée par le site algérien d’information en continu «Analgeria». Un cinglant démenti est ainsi apporté aux allégations de la présidence algérienne qui, dans un communiqué diffusé le 13 septembre, annonçait «la mise à la retraite» du général-major «Tewfik», après 25 ans de service à la tête du tout-puissant Département du renseignement et de la sécurité.
Délibéré, forcé, ce départ n’en reste pas moins problématique. Pourquoi aujourd’hui, alors ? Le général «Tewfik» ne tourne pas sa langue sept fois avant de répondre, catégorique : «Il n’y a plus d’Etat algérien».
Une question qui en appelle une autre : "Y a-t-il jamais eu d’Etat dans un pays où les présidents était faits et défaits au gré des humeurs des hommes en uniforme, y compris ceux du DRS?". Le général «Tewfik» répond par l’affirmative. A l'en croire, «même lors de la tristement célèbre décennie noire (Ndlr : années 90 et leur cortège de 250.000 morts !), l’Algérie pouvait se prévaloir d’avoir un Etat puisqu’elle avait réussi à préserver les attributs de sa souveraineté».
Or, «ce n’est plus le cas», constate l’ex-numéro 1 du renseignement algérien. Le «destin de l’Algérie est, aujourd’hui, entre les mains de personnes différentes, de surcroît indignes de confiance», dégoupille le général, en remettant cette couche : «Pas de président présent par son corps et son esprit, ni de Conseil constitutionnel à l’abri des interférences et des pressions, ni de ministre des Affaires étrangères aux prérogatives bien délimitées par la loi, encore moins de Parlement pour contrôler l’argent du peuple».
Un diagnostic aussi décapant que sans appel d’une Algérie qui a mal à son pouvoir, vacillant à l’image d’un président qui, malgré un fâcheux AVC qui lui a fait perdre toute mobilité physique, pour ne pas dire intellectuelle, continue de se cramponner à son fauteuil présidentiel... «roulant»!
Voilà qui aurait ouvert la voie, toujours selon le général «Tewfik», aux ingérences étrangères dans les affaires intérieures de l’Algérie. Un «Printemps algérien» serait dans l’air, insinue-t-il, en affirmant que le peuple algérien est impitoyable et que celui qui se mettra à contre-courant de ses aspirations finira par connaître le même sort subi par les présidents de «régimes arabes ayant disparu, depuis, de la carte». L’actuel locataire du Palais El Mouradia se serait reconnu dans cette allusion à peine voilée.