Le dernier rapport de la Cour des comptes risque de faire couler beaucoup d’encre pendant plusieurs jours, voire des semaines. Et pour cause! Le rapport met à nu les dysfonctionnements que connaît l'une des plus grandes entreprises publiques au Maroc, à savoir la Caisse de dépôt et de gestion (CDG).
Dans son édition du mercredi 9 janvier, Al Massae revient sur ce document publié deux jours plutôt et dans lequel les équipes de Drisse Jettou rapportent de nouvelles révélations sur «l’empire CDG». Selon la publication, les graves révélations contenues dans ce rapport renvoient d’abord à la rentabilité des investissements de la banque d’affaires publique à l’étranger, trop faible, quand elle n'est pas quasiment absente.
Ensuite, il y a le volet consacré à la gouvernance de la Caisse. Dans son rapport, explique Al Massae, la Cour des comptes regrette l’absence d’un Conseil d’administration disposant de suffisamment de prérogatives pour jouer un rôle d'instance exécutive à même de prendre les décisions stratégiques et de veiller à la bonne gestion et au contrôle des différentes entités affiliées à la CDG. Le même rapport évoque également des carences en matière de contrôle interne de la Caisse, ainsi que l’absence d’une cartographie des risques du groupe dans son intégralité et du dispositif de gestion y afférent. Pire encore, selon la Cour des comptes, il n’y a aucun suivi en continu des risques, à l’exception de ceux émanant de la gestion des activités de marché de la CDG.
Plus globalement, le rapport cité par Al Massae fait état d’un net revirement de tendance en matière de bénéfices générés par la CDG depuis 2008, le rendement des investissements réalisés par la CDG s’étant inscrit depuis cette date en baisse régulière, exception faite de l’exercice 2011 qui fut exceptionnel. Cette tendance baissière des rendements s’est même accompagnée d'une hausse continue, entre 2007 et 2017, des provisions dédiées à la couverture des baisses latentes enregistrées sur plusieurs participations financières.
Plus grave encore, le rapport de la Cour des comptes relève, ajoute Al Massae, l’absence d’une véritable vision stratégique de la CDG, surtout concernant son activité sur les marchés internationaux. Pourtant, en sa qualité de gestionnaire d’épargne, la CDG se devait de mettre en place suffisamment d’outils permettant de mieux gérer les risques auxquels elle peut être confrontée dans le cadre de ses activités d’investissement.
Ces points, ainsi que ceux relatifs à la multiplication des déficits enregistrés par plusieurs filiales de la Caisse, risquent d’alimenter la chronique pour encore longtemps, surtout que la CDG ne s’est pas encore débarrassée de l’héritage laissé par le scandale pour lequel deux de ses anciens dirigeants sont actuellement devant la justice.