«Ils veulent nous diviser et déstabiliser ce pays. Et moi, je leur dis que personne ne peut arriver à diviser les Marocains». C’est ainsi que Salaheddine Mezouar s’est adressé à une foule venue, nombreuse, assister au meeting électoral organisé par son parti à Tiznit. Le président du RNI s’est ainsi attaqué violement, devant des milliers de personnes et pour la première fois depuis le début de la campagne électorale, à son allié, le PJD, sans pour autant le citer nommément, rapporte le quotidien Al Ahdath Al Maghribiya dans son édition du lundi 3 octobre.
Salaheddine Mezouar a, entre autres, assuré que son parti, le RNI, avait choisi de servir les Marocains, sans faire dans la démagogie ni tenter de semer la discorde au sein de la société avec des discours enflammés et biaisés et des surenchères à ne plus en finir.Selon le chef de file du RNI, par ce genre de discours politiques qu’ils nous servent en ces jours de campagne, les politiciens ne font que nuire aux Marocains. C’est une honte, affirme-il, que des responsables et des hommes politiques tentent par leur discours de diviser les Marocains et de les montrer les uns contre les autres, alors que la Constitution, loi suprême de la Nation, ne fait aucune différence entre les citoyens, tous égaux dans leurs droits et face à leurs devoirs.
Le ministre sortant des Affaires étrangères, dans cette sortie pour le moins virulente et inédite contre le PJD, a accusé ce parti de surenchérir à propos des constantes de la Nation et de remettre en cause ce qui unit les Marocains, dans une Nation qui croit dans la diversité et gère ses différences avec intelligence. «Il en est encore parmi nous qui veulent nous diviser sur notre propre terre. Ils veulent déstabiliser notre pays», n’a-t-il cessé de marteler.
A noter que les deux partis, le PJD et le RNI, n’ont jamais caché leur animosité durant les trois années passées ensemble au gouvernement. Le RNI, son président, ses dirigeants et ses ministres et élus ont souvent été pris à partie par les brigades électroniques du parti islamiste qui relaient généralement le discours et les propos des responsables de leur parti. Il sont allés jusqu’à accuser le RNI de trahison au lendemain des dernières élections locales et régionales du 4 septembre 2015. Le RNI s’est toujours gardé de répondre à de pareilles accusations et attaques. Même quand elles ont été des plus enflammées, notamment à la veille de la présentation du projet de loi de finances de 2016, à propos du fameux Fonds de développement rural, le RNI a choisi de tempérer pour permettre au gouvernement d’achever son mandat sans accrocs.
Plus récemment, le RNI a encore une fois été accusé d’avoir saboté la présentation du bilan de la majorité gouvernementale. Là encore, le parti s’est juste contenté de préciser, lors d’une conférence de presse, que l'objectivité et la responsabilité politiques exigent que «nous soyions francs avec les électeurs en présentant un bilan objectif qui soit l'expression de l'ensemble des quatre partis politiques formant le gouvernement».C’est donc la première fois que le RNI décide de rendre la pareille à son allié du gouvernement sortant.