Le renseignement américain veut tisser sa toile au Maroc!

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Revue de presseL’Agence américaine de renseignement militaire, DIA, relevant du Pentagone, réoriente son action vers les pays nord-africains, dont le Maroc notamment, au motif supposé de traquer les candidats au Jihad aux côtés de «l’Etat Islamique». La belle «affaire»!

Le 10/11/2014 à 07h15

Pour sa première réelle projection hors du territoire américain, le tout nouveau «Service de défense clandestine» relevant de l’Agence américaine de renseignement militaire, DIA , équivalent militaire de la CIA, lorgne vers l’Afrique du Nord, le Maroc notamment. «Le Pentagone lève le voile sur son nouveau plan visant à implanter des centaines d’agents de renseignement dans les pays émetteurs des combattants de l’Etat islamique, Daach, dont le Maroc», rapporte Al Massae, dans son édition de ce lundi 10 novembre. Rien que ça ? Il faut dire que la mise sur orbite de ce «plan» date de 2012, année à laquelle le DCS (Defense clandestine service) a fait son baptême de feu, sur une idée de la puissante Agence américaine de renseignement militaire (DIA) qui, dix ans après sa périlleuse campagne anti-Al Qaïda dans les grottes périlleuses de Kandahar (Afghanistan) et les monts vertigineux du Waziristan (Pakistan), réoriente sa boussole vers d’autres «embryons de conflits», en recentrant son action sur l’Afrique du Nord. Pourquoi ce «plan» a-t-il été mis sous le boisseau depuis 2012 et ne sort réellement des «cartons» qu’en cette fin 2014? «Les derniers développements survenus en Irak et en Syrie, devenus un champ d’aimantation pour (nos) candidats au jihad aux côtés du soi-disant Etat islamique, y seraient pour quelque chose, relève Al Massae. Soit. Mais ce n’est pas tout. A cela, il y aurait bien d’autres raisons. La première se rapporte à la «cuisine» interne des Etats-Unis. Des sénateurs US, dont des membres de la Commission des Forces armées, s’étaient farouchement opposés à la création du dénommé «Defense clandestine service» (DCS). Et pour cause. Ils s’étaient inquiétés que la DIA (renseignement militaire) n’effectue, à travers la DCS, des missions relevant de la CIA (renseignement civil). C’est justement la raison pour laquelle le directeur de la DIA, le général Michael Flynn, a jeté l’éponge au printemps dernier. Une «guerre des services» qui n’a pas fait perdre de vue à la National Security Agency (NSA), pas plus d’ailleurs qu’à Susan Rice, conseillère à la National Security auprès du président Obama, ce filon juteux que représente désormais l’Afrique du Nord, particulièrement le Maroc, tête de pont de la nouvelle stratégie américaine pour reconquérir un continent noir regorgeant de potentialités économiques. C’est dans ce contexte que s’inscrit la participation du vice président américain, Joe Biden, au Sommet global de l’entrepreneuriat, prévu du 19 au 21 novembre à Marrakech.

Le silence des pantoufles, plus dangereux que le bruit des bottes !

L’on comprendrait maintenant mieux le «pourquoi» de ce bras de fer entre la CIA (renseignement civil) et la DIA (renseignement militaire), lequel s’est vu contraint de lâcher du lest en acceptant de revoir la copie, comme le souligne à juste titre Al Massae. «Selon le plan revu et corrigé, les agents secrets qui seront infiltrés, ici et ailleurs, travailleraient sous de faux profils diplomatiques», relève le quotidien, en estimant leur nombre à 500 au lieu de 1000 prévu initialement. Mais voilà : se leurre celui qui croirait que ce bataillon de «spies» (agents d’espionnage) vont débarquer chez nous, comme les Etats-Unis chercheraient à le faire penser, pour uniquement traquer les candidats désireux de rallier «l’Etat islamique» d’Abou Bakr Al Baghdadi. Une «thèse» à balayer du revers (et de la paume) de la main, sachant bien que c’est l’administration Obama qui a laissé pourrir, à l’insu de son plein gré, la situation en Irak et en Syrie! 

Mise au point royale !

Evoquant le dossier saharien, dans son historique discours commémoratif du 39ème anniversaire de la Marche verte, le roi Mohammed VI a été on ne peut plus clair en épinglant cette position ambiguë des puissances occidentales, avec à leur têtes les Etats-Unis, à l’égard de l’intégrité territoriale du royaume du Maroc. «Alors qu’ils réaffirment que le Maroc est un modèle de progrès démocratique, un pays actif dans l’action menée pour garantir la paix et la sécurité dans la région et un partenaire dans la lutte antiterroriste, ils abordent avec une certaine ambiguïté la question de l’intégrité territoriale de notre pays», avait martelé le souverain, à l’adresse des Etats-Unis, en taclant au passage les «conceptions idéologiques» et «les orientations stéréotypées» de «certains fonctionnaires internationaux», en allusion à l’actuel «médiateur» onusien dans le conflit saharien, ancien ambassadeur de Washington à Alger, Christopher Ross. Une pique royale inédite sur laquelle est revenu Akhbar Al Yaoum, dans sa livraison de ce lundi 10 novembre sous ce titre révélateur : «Voilà pourquoi le roi Mohammed VI a durci le ton vis-à-vis de l’Administration Obama». Citant une source diplomatique de haut niveau, le quotidien a indiqué que cette passe d’armes royale se voulait «une riposte à une lettre adressée au palais royal par Washington, il y a deux mois». Sur la teneur de cette lettre, la source d’Akhbar Al Yaoum dévoile une demande américaine de «laisser travailler» le «médiateur» onusien, quoique partial et désavoué par Rabat, de «faire davantage d’efforts sur le dossier des droits de l’Homme au Sahara» et, comble des combles, de «ne pas trop compter sur un soutien direct et franc de la part de Washington à Rabat dans son différend avec Alger», même si la responsabilité de cette dernière dans la genèse de ce faux conflit et son enlisement actuellement n’est plus à démontrer. En somme, un sombre «deal» affronté avec la plus grande fermeté par la plus haute autorité du royaume. Vous avez bien entendu: Le Sahara est une question d’existence pour le Maroc, de Tanger à Lagouira. Il est marocain et le restera jusqu’à la fin des temps.

Par Ziad Alami
Le 10/11/2014 à 07h15