Deux ans et demi après la nomination de son gouvernement, Saad-Eddine El Othmani révèle quelques détails sur la formation de sa majorité. D’après le chef du gouvernement, toutes les décisions qu’il a prises depuis le 17 mars, date de sa nomination, l'ont été de manière collective au sein du secrétariat général du PJD, rapporte le quotidien Akhbar Al Yaoum dans sa livraison du lundi 22 octobre.
En d’autres termes, précise ce journal réputé proche de l’aile de Benkirane au PJD, «aucune décision concernant la formation de la majorité n’a été prise suite à des engagements préalables pris envers les conseillers du Roi». Cela vaut également, et surtout, pour l’incorporation de l’USFP à la majorité gouvernementale. Et c’est justement ce point qui a divisé le secrétariat général, puisque Benkirane, alors secrétaire général, continuait à s’opposer à ce que l’USFP fasse partie du gouvernement.
Or, souligne le journal, d’après la «version officielle» des faits présentés au membres du parti, la nomination du gouvernement El Othmani est intervenue après une série d’événements qui a démarré avec «l’opposition à la participation de l’Istiqlal de Hamid Chabat au gouvernement». Le parti a fini par être écarté suite aux fameuses déclarations de son secrétaire général concernant la Mauritanie. S’en est ensuivie la nomination de Habib El Malki à la présidence de la première Chambre alors qu'Abdelilah Benkirane s’opposait catégoriquement à la participation de l'USFP au gouvernement.
L’étape suivante a été, selon le récit d’Akhbar Al Yaoum, la réorganisation à la tête du RNI, puis l’écartement de Benkirane qui s’opposait, depuis le début, à ce déroulement des faits. Lui voulait que le gouvernement soit formé à partir de la majorité sortante.
Cependant, souligne le journal, cette version des faits est loin de faire l’unanimité au sein du PJD. D’après le journal, El Othmani a été nommé le 17 mars et n'en à pas informé le conseil national réuni le 18 mars, ni le secrétariat général réuni le lendemain de son intention d’adjoindre l’USFP à sa coalition.
D’après le journal, lors de la réunion du secrétariat national, quand El Othmani a fait part aux membres de son intention de rencontrer tous les partis politiques, ces derniers lui auraient suggéré d’aller directement voir Aziz Akhannouch, puisqu’il ne disposait pas de beaucoup de temps. Et si le président du RNI s’accrochait à la participation de l’USFP au gouvernement, El Othmani «n’avait qu’à rendre les clés».
Pour toute réponse, le nouveau chef du gouvernement avait assuré aux siens qu’il s’était engagé à ce que le PJD n’aille pas dans l’opposition. Bref, note le journal, les membres du secrétariat général du PJD ont appris que l’USFP faisait partie de la majorité deux jours après cette réunion.
En revanche et selon Akhbar Al Yaoum, Benkirane était au courant depuis le début de la détermination d’El Othmani à faire participer l’USFP à son gouvernement. Le secrétaire général d’alors a même été chargé par El Othmani d’en informer le conseil national et le secrétariat général du parti, ce qu’il n’a pas fait parce qu’il s’y opposait.
D’après Akhbar Al Yaoum, Benkirane a agi de la sorte pour ne pas avoir à communiquer sa position au conseil, ce qui aurait risqué de gêner El Othmani dans ses négociations avec ses partenaires.
Au final, note le journal, les membres de la direction du PJD étaient d’accord sur tous les points sauf sur celui relatif à l’USFP. Mais avec le recul, ce point de discorde est devenu un simple détail. Par contre, ce que Benkirane et ses amis n’ont jamais accepté, c’est que ce dernier soit écarté du gouvernement et que les membres de son parti se soient désolidarisés de lui.