Un audit de la Cour des comptes a permis de découvrir plusieurs dysfonctionnements dans les comptes du PJD. Les documents épluchés par les magistrats révèlent même que les ressources du parti comportent des sommes perçues comme intérêts ou avoirs financiers, sommes dont le montant dépasse 171.000 dirhams. Non seulement ces intérêts ne figurent pas dans les recettes définies par l’article 31 de la loi organique n° 29-11 relative au financement des partis politiques, mais ils vont à l’encontre du référentiel idéologique du parti. En acceptant de percevoir des intérêts, les islamistes violent le droit islamique qui interdit le ribâ, comme il est indiqué dans le Coran:«…Dieu a rendu licite la vente et illicite l’intérêt/ribâ…».
Le PJD utilise cet argent indu pour financer les subventions des associations et fournir de l’aide à des personnes dans des situations précaires. En réponse aux demandes d’explications adressées par la Cour des comptes, le patron du parti, Saâd-Eddine El Othmani, indique que «ces intérêts sont générés par le compte courant du parti dans la Trésorerie générale du royaume et ne sont aucunement liés aux placements d’argent du parti. Autant dire que la perception de ces sommes est indépendante de notre volonté et n'entre pas dans la politique financière de notre parti».D’ailleurs, ajoute El Othmani avec un argumentaire déroutant, c’est la Trésorerie qui transfère, semestriellement, cet argent sur notre compte sans qu’on le lui demande. Pour preuve, poursuit-il, le cinquième congrès du parti a pris une décision qui interdit l’utilisation de ces ressources dans la gestion des affaires du PJD.
Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du vendredi 3 mai, qu’EL Othmani a souligné que le PJD avait décidé de créer un compte spécial intitulé «compte d’aide aux organes populaires et aux personnes dans le besoin», où seront transférés ces intérêts. Tout en joignant à cette réponse des pièces justificatives, El Othmani précise que, depuis 2014, le parti comptabilise les dépenses de ce compte dans un document spécial annexé au budget annuel.
Le rapport de la Cour des comptes a, en outre, relevé une dépense de 27.400 dirhams sans papiers justificatifs et des factures d’eau et d’électricité de 56.000 dirhams sans adresses, ainsi qu’une recette de 105.000 dirhams qui ne figure pas sur les comptes du parti. Le patron du PJD a eu du mal à justifier ces anomalies. Soit il ne trouve pas de pièces justificatives pour l’une, soit il invoque une erreur comptable pour l’autre. Et, comme les juges de la Cour des comptes sont très pointus dans leur audit, ils ont fait savoir à El Othmani que ces dépenses non justifiées ne devraient pas être comptabilisées dans le compte du parti.