La nouvelle a fait l’effet d’une bombe, ce dimanche 13 septembre! Le puissant patron du Département algérien du renseignement et de la sécurité, DRS, a été limogé par le président Abdelaziz Bouteflika.
Selon la chaîne de télévision Annahar TV, proche du milieu du renseignement algérien, le général-major Mohamed Mediene, plus connu sous son pseudo «Tewfik», a été remplacé par le général de corps d’armée Athmane Tartag.
La nouvelle, rapportée exclusivement par Annahar TV, et relayée par les quotidiens Echorouk et El Watan, a certes pris de court le commun des observateurs, mais elle était tout au moins prévisible au regard du processus savamment orchestré par le clan Bouteflika pour affaiblir le puissant Département du renseignement et de la sécurité.
En effet, le limogeage du général-major «Tewfik» intervient à la suite d’un long processus d’effeuillage du DRS, accéléré depuis juillet dernier.
Comme le rapportait Le360, dans son édition du 3 août dernier, les jours du patron du Département de renseignement et de sécurité, le général-major Mohamed Mediène, étaient comptés. L’énigmatique général «Tewfik», qui maniait les cigares cubains comme les leviers de commande du Palais présidentiel, El Mouradia, à Alger, venait de se voir retirer sa dernière cartouche par le président Bouteflika: le Groupement d’intervention spéciale, plus connu sous le sigle de «GIS», considéré comme l’épine dorsale de la structure globale de la sécurité nationale algérienne.
Un dernier clou a ainsi été planté au cercueil de celui qui faisait la pluie et le beau temps de l’Algérie, réduit depuis à ce statut pitoyable de paria de l’establishment militaro-politique algérien.Le GIS, qui a été créé par le général Lakhel Ayat Mejdoub, avant d’être renforcé dans les années quatre-vingts par le général Mohamed Betchine, était passé désormais sous le commandement du général-major Gaïd Saleh, l’un des fidèles du clan Bouteflika (Abdelaziz et Saïd Bouteflika, conseiller auprès de la présidence algérienne mais vrai détenteur du pouvoir décisionnaire).
Le Général "Tewfik"dans le viseur du clan Bouteflika
Autre dernier coup dur essuyé par le général-major, le limogeage par le président Bouteflika du colonel Fawzi, alors chef du service presse du DRS et son remplacement par le colonel Okba bien que ce dernier soit étranger au monde des médias. Le général Tewfik s’est vu ainsi tirer le tapis (médiatique) sous ses pieds, lui qui a pesé de tout son poids auprès d’une presse algéroise «embedded» pour cultiver son image iconique d'«homme fort» de l’Algérie.
S’ensuit un autre coup fourré encaissé sans que l’ex-lauréat du KGB ne puisse bouger le petit doigt: la soustraction de la Direction centrale de la sécurité de l’armée que dirigeait le général M’Henna Djebbar, autre fidèle du général-major «Tewfik». Là encore, ce dernier a vu ce département lui filer entre les doigts sans broncher.
Dans cette foulée de coups de Jarnac, le patron du DRS s’est vu retirer le service judiciaire qui a été rattaché à la Direction du personnel et de la justice militaire.
En somme, une pluie de camouflets infligés à l’ex-numéro 1 du renseignement algérien, vraisemblablement puni pour sa campagne anti-corruption ayant visé le clan Bouteflika, dont le frère du président Saïd Bouteflika, mais surtout, surtout, pour éloigner un obstacle encombrant et, du coup, assurer la succession de l’actuel président, atteint d’un fâcheux AVC depuis 2013. Succession qui se joue entre trois candidats favoris, en l’occurrence l’actuel Premier ministre Abdelmaklek Sellal, son prédécesseur Ahmed Ouyahya et Ammar Saâdani, actuel patron du FLN, parti au pouvoir.
Né en 1939, dans la région de Guenzet de la wilaya de Sétif, Mohamed Lamine Mediene a occupé le poste de patron du DRS depuis 1990. C’est le haut-gradé algérien qui est resté le plus grand nombre d’années à son poste.
Après avoir servi dans les rangs de l’Armée nationale populaire (ANP), il a été envoyé suivre une formation en URSS au sein du KGB de la «Promotion tapis rouge», une promotion d’agents de renseignement formés au KGB.