Le MUR met Mohamed Yatim au pied du... mur

Mohamed Yatim

Mohamed Yatim . DR

Revue de presseKiosque360. Le Mouvement Unicité et Réforme (MUR) a réagi aux fiançailles et au projet de remariage de Mohamed Yatim. Il considère que le ministre du Travail a, par son escapade à Paris avec sa jeune fiancée, commis des erreurs impardonnables.

Le 03/10/2018 à 20h31

La position du ministre du Travail, Mohamed Yatim, s’envenime avec la polémique engendrée par ses fiançailles et son projet de remariage. Après avoir mis dans l’embarras plusieurs de ses proches dans le cercle des islamistes, il s’attire aujourd’hui les foudres du Mouvement Unicité et Réforme(MUR). L’aile idéologique du PJD a, en effet, publié un communiqué dans lequel elle réfute les arguments avancés par Yatim pour justifier son escapade amoureuse avec sa "fiancée" à Paris. Face aux réactions critiques qui ont fusé sur les réseaux sociaux, le ministre s’est enlisé dans des interprétations de préceptes de l’Islam qui, selon lui, l’autorisent à s’isoler avec sa fiancée.

Mais le bureau exécutif du MUR, dont il était l’un des plus grands théoriciens, n’a pas hésité à l’accabler en l’accusant d’avoir enfreint les règles de la Charia: «Après avoir enquêté et écouté les explications de Mohamed Yatim, nous avons constaté qu’il avait commis des erreurs inacceptables. Il a, ainsi, transgressé certaines règles et limites concernant ses fiançailles. Il s’est comporté d’une manière indigne de son statut et a éveillé les suspicions à son encontre. Nous avons donc décidé de le lui notifier pour qu’il en tire les conséquences qui s’imposent.»

Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du jeudi 4 octobre, que les propos tenus par Yatim sur sa première femme, propos qui lui ont valu une vague de critiques, n’ont pas échappé à ses pairs du MUR: «Pour le Mouvement, la conservation de la cellule familiale prime sur toute autre considération. Elle est assujettie aux respects des règles de la Charia (...). Du coup, tout comportement d’une personne, dans sa vie privée, doit tenir compte du respect de l’ordre public et éviter de porter préjudice à autrui.»

Le MUR, qui est, par ailleurs, le garant de la moralité et de l’éthique au sein des membres du PJD, a ainsi rejeté les jurisprudences évoquées par Yatim pour justifier sa promenade à Paris avec une jeune femme qu’il a présentée comme sa fiancée.

Le professeur en sciences politiques à la faculté Cadi Ayyad, Mohamed Zahraoui, reste toutefois sceptique face à la réaction du MUR: «Pourquoi le MUR n’a-t-il pas pris la décision de geler l’adhésion de Mohamed Yatim, comme ce fut le cas pour Bahmad et Nejjar après leur virée amoureuse sur la plage? Il est clair que le fait de ne pas le sanctionner cache quelque chose, d’autant que les termes employés dans le communiqué étaient très atténués.»

Pour sa part, le quotidien Al Akhbar a repris, dans son édition du jeudi 4 septembre, le même communiqué que le MUR. Il s’est démarqué de son confrère en évoquant le silence assourdissant du PJD face au tollé général qu’a suscitée la virée nocturne de Yatim avec sa fiancée à Paris, en l’absence d’un contrat de mariage. Le secrétaire général adjoint du PJD, Slimane El Amrani, a affirmé que le cas de Yatim ne figurait pas dans l’ordre du jour de la réunion du secrétariat général, qui a eu lieu mardi dernier. Et de préciser que, «au cours de cette réunion à laquelle a assisté Mohamed Yatim du début à la fin, aucun membre n’a évoqué ce sujet».

Pourtant, plusieurs membres du parti, très en colère contre Yatim, ont demandé à leurs dirigeants de prendre des sanctions à son encontre. Avant cela, c’est la fille de Benkirane qui avait tiré à boulets rouges sur le ministre du Travail, en postant une publication sur Facebook: «Cet homme, que nous considérions comme l’un des leaders de la prédication, a trahi la fidélité de sa femme, qui a élevé ses enfants durant des décennies. Cette femme, belle et souriante, ne mérite pas que tu la traites de cette manière et je considère ton comportement comme un délit impardonnable», affirme-t-elle.

Par Samir Hilmi
Le 03/10/2018 à 20h31