Le ministre de la justice, Abdellatif Ouahbi, n’a pas pu retenir ses larmes devant les députés lors d’une réunion tenue, mardi dernier, par la Commission de justice, de législation et des droits de l’Homme à la Chambre des représentants. Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du jeudi 26 janvier, que le ministre a même éclaté en sanglots en évoquant la pression psychologique à laquelle ont été soumis ses enfants et sa famille, une pression telle qu’il a même redouté le suicide de son fils. Cette réunion a été consacrée à la controverse provoquée par les résultats de l’examen des avocats qui a été marqué, selon les candidats, par le clientélisme, le manque de transparence et de crédibilité. Des accusations qui ont été rejetées par le ministre de la justice qui s’est présenté devant les membres de la commission muni d’une machine de correction automatique des épreuves.
Une initiative qui a suscité l’étonnement des députés, mais n’a pas pour autant gêné Ouahbi qui a tenu à leur montrer comment elle fonctionne. Ceci étant, les parlementaires de la majorité et de l’opposition, très touchés par les larmes du ministre, lui ont exprimé «leur solidarité et leur compassion face aux attaques inacceptables visant sa vie privée, sa dignité et celle de sa famille». Un moment d’accalmie qui n’a pas duré longtemps, puisque les députés de l’opposition et de la majorité se sont livrés à une passe d’armes provoquée par les vifs échanges entre le président du groupe parlementaire du PAM, Mohamed Touijri, et le vice-président du groupement du PJD, Mustapha Ibrahimi.
Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia souligne que la prise de bec a éclaté entre les deux députés après que Toujiri a accusé le PJD de «mésestimer les actions des institutions constitutionnelles et de nuire à l’institution royale par le bais du secrétaire général du parti et ancien chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane». Des accusations qui ont suscité l’ire de Mustapha Ibrahimi, qui a accusé Touijri de «jeter le discrédit sur le patriotisme du PJD et sa loyauté à l’institution royale». Et le député islamiste de demander à son collègue de retirer ses déclarations qui, dit-il, comportent de lourdes accusations contre un parti qui a dirigé le gouvernement pendant dix ans. Les tentatives de réconcilier les deux députés ont échoué, obligeant ainsi le président de la Commission de justice et de législation, Mohamed Fadili, à lever la séance.
Il a fallu une médiation dirigée, dans les coulisses, par le ministre de la Justice, pour que la tension baisse entre les deux hommes et que la séance reprenne son cours normal. Abdellatif Ouahbi a alors pris la parole, en tant que secrétaire général du PAM, pour présenter ses excuses quant aux propos tenus par Touijri qui a remis en question le patriotisme du PJD: «On ne peut pas mettre en doute la loyauté du PJD pour l’institution royale. Je garde de bonnes relations et d’excellentes amitiés avec plusieurs dirigeants du PJD, avec à leur tête le secrétaire général du parti, Abdelilah Benkirane, qui a rendu de précieux services à la nation pendant la période où il a été à a tête du gouvernement», a conclu Ouahbi.