Le groupe médiatique Global Media Holding a réagi au communiqué trempé au vitriol qui a été publié par le secrétariat général du PJD et accuse le patron de ce groupe «d’avoir des accointances avec Israël».
C’est ainsi que le quotidien Al Ahdath Al Maghribia a publié, dans son édition du mercredi 27 novembre, un dossier composé de trois articles, étrillant le parti islamiste, et plus particulièrement son patron, Abdelilah Benkirane.
Contrairement au contenu du communiqué du PJD, le président du groupe, Ahmed Charai, a écrit un billet modéré, qui ne verse pas dans l’insulte et la diffamation mais répond, point par point, aux accusations de Benkirane et compagnie.
Qualifiant les déclarations du PJD de «communiqué-Fatwa», Charai se dit «très choqué et indigné par ce communiqué, qui comporte des attaques injustifiées et un discours diffamatoire, irresponsable et incitateur à la haine, visant ma personne, ainsi que le groupe que je préside. Ce communiqué-Fatwa, qui est dénué de tout esprit de tolérance et de pluralisme, traduit l’orientation idéologique d’un groupe politique aligné sur l’agenda des frères musulmans, et sur la pensée des mouvements extrémistes armés».
Rappelant l’engagement du groupe aux valeurs marocaines et universelles, telles que la tolérance, la coexistence pacifique, et le respect des droits de l’Homme, Charai a souligné que les médias du groupe ont toujours soutenu le droit légitime du peuple palestinien à un État indépendant, avec Jérusalem-Est comme capitale: «Nous condamnons fermement les déclarations de haine du PJD, qui instillent un terrorisme intellectuel et politique, en mettant en doute notre patriotisme et en transformant le débat démocratique en ‘trahison’, et en ‘pro-sionisme’», a conclu le président du groupe.
Pour sa part, le directeur de la publication d’Al Ahdath Al Maghribia, Mokhtar Laghzioui, a consacré la plus grande partie de son article au patron du PJD: «Nous avons toujours affirmé qu’il ne fallait pas faire confiance à Benkirane, car il ne se départira jamais de la mentalité qui se résume en cette phrase: ‘est-il normal qu’à cause d’un chien galeux, l’élite de notre jeunesse ait été condamnée à la peine de mort?’ Des propos qu’il avait formulés le jour de l’assassinat du martyr Omar Benjelloun par la Chabiba Islamiya (jeunesse islamique), il y a plusieurs décennies».
C’est, a-t-il poursuivi, «celui-là même qui s’est révolté contre la justice, en disant ‘nous ne vous remettons pas notre frère’, en défendant un islamiste poursuivi pour l’assassinat d’un étudiant progressiste en 1993. Aujourd’hui, Benkirane est devenu le guide suprême, et le grand Mufti, qui détient les instruments du pardon et les clés du paradis et de l’enfer».
De son côté, le journaliste Mohamed Abouyahda a rappelé que ce n’est pas la première fois que le «Cheikh» du PJD utilise ce discours de «traîtrise» à l’encontre du groupe d’Al Ahdath Al Maghribia, tout simplement parce qu’il ne cautionne pas ses orientations, et critique ses impulsions, ainsi que ses divagations: «Cette entité politique fuit le débat démocratique quand elle n’est pas d’accord avec des médias, mais elle publie un communiqué politique virulent, signé par le secrétaire général du parti, qui comprend des incitations à la haine, des accusations infondées, et des insultes du genre ‘pro-sioniste’, ' impudence’ et ‘trahison’. Du coup, le cheikh du PJD appelle à la mobilisation et au boycott du groupe».
Et Abouyahda de préciser que le parti islamiste a «transformé la cause palestinienne en fonds de commerce, pour tenter de mobiliser les gens et de manipuler l’opinion publique, à la recherche d’une virginité politique, perdue à jamais».