Si la «cohésion gouvernementale» a tenu contre vents et marées, elle est aujourd’hui plus que jamais menacée. Et, tenez-vous bien, ce n’est pas à cause d’un désaccord proprement dit politique. En cause, une séquence du nouvel opus de Ridley Scott, «Exodus : Gods and Kings», prétendument «représentative de Dieu». Il n’en a pas fallu plus pour déclencher la polémique entre deux composantes principales de l’actuelle coalition gouvernementale, en l’occurrence le Parti du progrès et du socialisme, PPS, et le Parti Justice et Développement, PJD. Rapportant les termes de ce clash, dans son édition de ce mercredi 31 décembre, Akhbar Al Yaoum évoque un «rebondissement spectaculaire» en insinuant qu’il peut mettre en brèche la légendaire «cohésion gouvernementale». En effet, la censure de ce film n’a pas été du goût des «camarades» du PPS, ancien parti communiste, lesquels ne s’en sont pas cachés pour le faire savoir publiquement. Dans un communiqué, diffusé mardi 30 décembre, le bureau politique de ce parti à vocation progressiste ont dénoncé un acte de censure «étrange et incompréhensible» susceptible de desservir l’image du royaume à l’international. «Il aurait été possible de réserver un traitement plus intelligent à cette affaire, de manière à éviter de porter atteinte à l’image du royaume et consacrer la liberté de la création et de l’art qui doit être faire la règle et non pas l’exception», souligne le communiqué du PPS, rapporté par Akhbar Al Yaoum.
Or, quel «traitement plus intelligent» aurait pu réserver le PPS à la même affaire. Dans une déclaration à Akhbar Al Yaoum, Nabil Benabdellah, SG du Parti, a affirmé être d’avis que la séquence controversée (représentation de Dieu) soit supprimée du film, comme l’aura initialement recommandé la «commission de contrôle» constituée de représentants du Centre cinématographique marocain (CCM) et du ministère de la Communication. Mais voilà, cet avis n’aurait pas été pris en compte. Rien que ça ?
Censure d’ «Exodus», raisons sécuritaires ?Revenant sur les tenants et aboutissants de cette même affaire, Al Massae, lui, invoque des «motifs sécuritaires». «Des craintes d’actes terroristes derrière l’interdiction du film Exodus accusé de représenter Dieu», titre ce quotidien, dans sa livraison de ce mercredi 31 décembre. A en croire cette publication, les services de sécurité auraient mis en garde contre le risque de programmer ce film dans le contexte actuel. «Contexte marqué par l’activisme des groupes extrémistes, qui pourraient trouver dans ce film un prétexte pour l’incitation à la perpétration d’actes terroristes», auraient averti les services, soulignant que cette éventualité serait d’autant plus plausible que la programmation de ce film coïncidait avec les festivités du Nouvel An.
Une thèse qui tiendrait la route, à en croire Al Massae. Ayant été initialement autorisé, le film a été retiré de l’affiche «en dernière minute» ce qui a amené les exploitants de salles de crier au « grand cafouillage ». Ce n’est qu’après coup que le CCM a réagi en invoquant un argument de la commission de visionnage : «Parce qu’il représente Dieu en la personne d’un enfant au moment de la révélation divine faite au prophète Moïse. Cette représentation physique est une erreur, Dieu ne se représente pas dans toutes les religions célestes».




